Des nouvelles de Dreamer dans sa famille.
Le 31/07/2018 :
L'histoire de l'adoption de Dreamer racontée par ses adoptants :
DREAMER :
L’histoire d’adoption de Dreamer commence en réalité avec l’adoption, quelques mois plus tôt, de Pépette, une chienne hyper craintive, probablement maltraitée car absolument tout pouvait lui faire peur. Elle se recroquevillait sur elle-même et tremblait de tout son corps. Dans ses yeux, on ne lisait qu’une seule chose : la peur et le terme est faible ! Quand elle marchait, elle avait la queue repliée sous le ventre et les oreilles à l’horizontale en arrière. Pendant quelques semaines, elle a gardé le harnais de la famille d’accueil, car sans celui-ci, impossible de lui enfiler un collier. Sortir dans le jardin à la laisse fut un véritable calvaire pour elle. Bref, elle était terrorisée. Cela a pris des semaines pour gagner sa confiance. Mon fils et ma fille ne pouvaient l’approcher sans qu’elle se réfugiait dans un recoin ou se faisait toute petite avec des yeux qui suppliaient : « Ne me fais pas de mal, s’il te plaît ! » La famille d’accueil nous conseillait bien et efficacement mais si nous voulions que Pépette sorte de sa peur un jour, un congénère pouvait être la solution, nous disaient-ils, à condition que ce soit un mâle. Et ainsi ont commencé les recherches. Un an auparavant, j’avais déjà repéré le site de la Ferme des Rescapés, dans le Lot, pour une raison très simple : nous avons deux chats. Il était donc impératif que le chien adopté, s’entende avec eux, c’était une condition sine qua non. La Ferme des Rescapés pouvait me le garantir car les chiens et les chats ne sont pas séparés ; ils vivent en communauté et doivent apprendre à vivre ensemble ou, éventuellement, à s’ignorer. Et ça marche très bien ! Dreamer regarde les chats, on voit qu’il est habitué aux félins et il ne bouge pas quand ils passent devant lui, il ne les course pas, ne les envie pas, bref, c’est le chien idéal ! Ceci dit, ce n’est pas ce chien en particulier qui est idéal ; tous les chiens de la Ferme grandissent entourés de chats et même d’autres animaux, ce qui facilite grandement l’adoption.
JOUR 1 – Quitter la sécurité pour une destination inconnue
Pour en revenir à Dreamer, il a été un peu malade en voiture à cause du stress. Comprenez-le : on venait de le sortir de son endroit protégé pour l’emporter Dieu seul savait où. A aucun moment, il n’a cherché à s’enfuir et est resté calmement couché pendant tout le trajet. Nous avons pris l’autoroute. Arrivée à la maison, Dreamer ne voulait pas sortir de voiture. Les femmes de la Ferme nous avaient averti de cette éventualité et donc nous l’avons tout simplement porté à l’intérieur. Il était terrifié car déjà, il n’aimait pas être porté ; cela devait lui rappeler de très mauvais souvenirs de la fourrière en Roumanie. Il n’aboyait pas, ne criait pas mais émit seulement un genre de cri sourd, comme un chien qui tire trop fort sur sa laisse et qui a du mal à respirer. Nous l’avons déposé sur le sol et Dreamer est resté là, au même endroit, en nous regardant, un peu perdu. Au bout de quelques minutes, il s’est d’abord assis, puis, couché, toujours au même endroit. Nous l’avons laissé tranquille car en le regardant à 4, il devait se sentir mal à l’aise. Je lui ai donné à manger et il a vidé sa gamelle le temps de le dire, puis, il a bu beaucoup. Deux heures plus tard, nous avons essayé de le promener dans le jardin à la laisse mais il ne voulait pas bouger. Nous l’avons porté dehors et posé sur la pelouse. Il n’a pas bougé d’un centimètre. Dès qu’on l’encourageait gentiment à avancer, il prenait peur et s’asseyait pour ensuite se coucher. Ce soir-là, il a fait pipi dans la maison. Je ne l’ai pas grondé. A quoi bon ? Il était évident qu’il avait peur ; il venait de perdre tous ses repères.
JOUR 2 : Vaincre la peur grâce à l’amour
Le lendemain matin, je l’ai de nouveau porté dehors car il était toujours très craintif. Et comme la veille, il n’a pas bougé d’un centimètre dès qu’il se trouvait sur l’herbe. Il se contentait de mettre le nez en l’air et de humer les odeurs. Certains bruits ne devaient pas lui être familiers donc il se tenait immobile. J’ai alors décidé de le câliner, de le prendre dans mes bras, de lui parler gentiment, tout en le caressant. Dreamer est retourné à l’intérieur mais dans l’après-midi, j’ai étalé un plaid et me suis assise à côté de lui sur la pelouse. Il restait sagement couché et je le caressais et le câlinais pendant des heures, tout en lui parlant doucement, en essayant de le rassurer. Le soir, nous l’avons encore porté dehors pour essayer de lui faire faire ses besoins mais sans succès… Au milieu de la nuit, il devait se soulager et mon fils s’est levé pour évacuer les alèses sales qu’on avait étalées un peu partout. Le reste de la nuit s’est déroulé sans incidents et Dreamer a dormi jusqu’au matin.
JOUR 3 : Place à l’apprentissage
Ce matin-là, j’ai laissé sortir ma chienne par la porte-fenêtre donnant sur le jardin et, contre toute attente, Dreamer l’a suivie en trottinant derrière ! Il était à la laisse alors que Pépette courait en liberté mais pour la première fois, il osait marcher et même courir un peu sur la pelouse ! Lorsque Pépette avait fait une crotte, j’ai laissé Dreamer s’approcher pour renifler et du coup, un peu plus loin, il a commencé à gratter la terre, s’est assis et… s’est soulagé aussi ! Ensuite, il a fait tout le tour du jardin et a levé la patte par-ci, par-là, en découvrant ce jardin qui, hier encore, le terrifiait. Ce fut un plaisir à voir. A partir de ce moment-là, je fixais sa laisse de 5 m, muni d’un mousqueton (pas un dérouleur !) à une longe pour cheval de 10m. Ainsi, ça faisait un rayon de 15m pour bouger. Mais il ne courait point. Il marchait, reniflait partout, mangeait de l’herbe… et était incroyablement gentil. Il ne fit aucune bêtise, ni dans, ni hors de la maison. Notre amour l’aidait à se détendre. On obtient tellement plus d’un animal quand on l’approche avec amour… Les gens qui n’obtiennent pas de résultats immédiats, sont trop pressés et trop exigeants car à leurs propres enfants en bas âge, ils ne demandent pas de comprendre des phrases compliquées, d’être propre en une semaine ou d’obéir au doigt et à l’œil au bout de quelques jours !
JOUR 5 : Quel progrès !
Ce matin, aucune surprise nous attendait dans le salon, car c’est là où Dreamer préfère passer la nuit. Pourtant, chaque soir, nous l’invitons à monter avec nous mais au dernier moment, il hésite et retourne s’installer sur le carrelage du salon. Quand je descends le matin, je le trouve sur son plaid bien épais et chaud où il m’attend, assis tout droit et en remuant de la queue. Ce sont les moments les plus précieux, quand on voit que les oreilles ne sont plus en arrière mais bien en l’air, que la queue n’est plus repliée sous le chien mais courbée vers le haut et qui remue… C’est le même scénario quand je reviens du magasin ; les chiens se tiennent éloignés de la porte mais dès qu’ils m’aperçoivent, ils courent vers moi, tout contents. Là, on se dit qu’on est sur la bonne voie. Dreamer sait que les chats ont à manger en premier et il ne se montre nullement impatient. Il trotte un petit bout avec moi jusqu’à la cuisine mais pas plus loin, car Pépette y a son coussin et il respecte son espace. Mais tout cela, c’est surtout grâce à son séjour à la Ferme des Rescapés, car la meute a ses propres lois et les chiens apprennent à les respecter. On peut dire qu’en très peu de temps, Dreamer a très bien progressé.
LE SECRET DE CETTE REUSSITE ? COUVREZ VOTRE CHIEN D’AMOUR ET CE SERA UN AMOUR…
Quand on adopte un chien, rescapé des mouroirs roumains dont il a gardé un traumatisme important, c’est comme adopter un enfant rescapé d’Auschwitz ; il ne supportera ni les cris, ni les bruits, ni la violence, ni les objets qui peuvent rappeler les tortures. Cet enfant-là sera comme Pépette ou Dreamer : peureux à l’extrême, n’ayant plus aucune confiance dans les hommes, en proie à des cauchemars, peut-être même muet, pour ne pas parler d’autres séquelles…
Pépette a surmonté ses craintes grâce à l’amour et la patience. Elle s’est sentie en sécurité parce qu’elle s’est sentie aimée, jour après jour. Jamais de cris, jamais de violence. Que de l’amour. Il faut la voir aujourd’hui ; elle est joyeuse et fait des sprints dans le jardin comme le font les chiens heureux ! Nous sommes partis 14 jours en camping avec elle. C’était un exercice très difficile, car elle devait vivre dans un petit espace avec 5 personnes dont 2 inconnus. Depuis notre retour, Pépette est transformée. Elle a pris de l’assurance. Est-ce la présence du petit Dreamer ? Possible. En tout cas, lui aussi, commence à se sentir heureux et a fait son premier sprint avec Pépette au bout de 5 jours ! Maintenant, il essaie même de la provoquer pour jouer avec lui mais elle ne semble pas encore prête. C’est magnifique de les voir. Ils étaient si peureux tous les deux et aujourd’hui, si joyeux, à l’aise… Seul l’amour peut provoquer un tel changement et c’est ce que font aussi les femmes de la Ferme des Rescapés. Sauver des animaux, destinés à mourir, est avant tout une preuve d’amour. Elles font un travail remarquable, voire extraordinaire : elles rendent les animaux sociables et capables d’intégrer une famille, avec ou sans enfants, avec ou sans autres animaux et ça, c’est formidable, car c’est souvent la condition première des adoptants. En outre, cette mère et sa fille connaissent si bien leurs chiens et chats, qu’elles peuvent pratiquement vous trouver du sur mesure !
La seule chose qu’il ne connaît pas, c’est de marcher en laisse. Comme les deux dames l’ont dit : de la patience, de la présence et beaucoup d’amour car Dreamer avait énormément souffert en Roumanie et gardera de son passé un traumatisme à vie, qui va peut-être se dissiper avec le temps, peut-être pas. Pour cela, il faut justement laisser faire le temps, ne rien forcer et ne jamais, jamais utiliser de la violence car ces animaux-là ont déjà bien assez soufferts. Même si eux, ce sont les « chanceux », qui n’ont pas été frappés à mort à coups de bâton ou électrocutés dans l’eau ! Je vous épargne les moyens utilisés par les Roumains pour euthanasier les pauvres malheureux qui n’ont pu échapper à leur cruauté ! On comprend mieux pourquoi certains ne se laissent jamais mettre le collier et que d’autres s’enfuient ou font pipi sur place à la seule vue d’un balai… Cela fait maintenant 5 jours que Dreamer est avec nous. Il est déjà propre et s’habitue petit à petit à la laisse. On n’en demandait pas tant pourtant… Mais nos chiens vivent avec nous à l’intérieur, sont entourés d’amour, ont libre accès aux pièces de la maison (même s’ils n’y vont pas pour autant) et grandissent avec un congénère, ce qui, pour des chiens hyper craintifs, est un des meilleurs moyens de surmonter leurs peurs.
Nous espérons donner à Dreamer une chance de vivre vieux. Il ne nous faut rien de plus pour être heureux. Avec nos remerciements les plus chaleureux à vous, mesdames de la Ferme des Rescapés, pour nous avoir fait confiance et un immense « Bravo! » pour ce travail titanesque, afin de préparer les chiens à l’adoption et évidemment, pour ce que vous faites pour les animaux de manière générale. S’il existait un prix Nobel pour sauver des animaux, il devrait certainement vous être décerné !
21/07/2018 :
Dreamer a été adopté aujourd'hui et est parti vivre à Nantes.
Nous remercions infiniment sa famille .Cette adoption est une véritable chance pour Dreamer.