Aujourd’hui je vous écris une nouvelle lettre parce qu’une de nos chiennes est en fuite depuis 6 jours. Elle a été adoptée il y a 2 mois. C’était une chienne très douce mais très craintive. Elle a vécu plusieurs mois dans la chambre de ma fille, tellement terrifiée de sortir. Chez nous, elle jouait avec les autres chiens, sortait et rentrait du jardin, mais restait méfiante envers l’humain.
Les adoptants n’ont pas suivi nos consignes plusieurs fois répétées avec insistance, et l’ont laissée sortir seule dans le jardin clôturé. Elle a rongé à plusieurs reprises les fils et s’est finalement enfuie. En plus, elle est restée 3 jours autour du jardin et quand elle a finalement disparu, ils nous ont averties. On aurait pu avoir la chance de la piéger dans une cage trappe, mais maintenant c’est trop tard.
Nous avons eu plus de 60 adoptions de chiens cette année, quelquefois de chiens très marqués par leur passé. Tous les adoptants sont très heureux avec eux et les chiens profitent pleinement de leur amour et de leurs soins.
Il y a quand même des adoptants qui ne se rendent pas compte de notre peine et des efforts financiers, d’organisation et émotionnels que représente le fait d’arracher les chiens de cette fourrière de Roumanie. La moitié des chiens meurent de maladies avant qu’ils n’arrivent, c’est-à-dire qu’ils agonisent des semaines sans aucun soin, ou alors ils sont déchiquetés par d’autres chiens parce qu’ils sont entassés et presque sans nourriture, ou bien électrocutés, étranglés, tapés à mort.
Ces chiens passent quelquefois des mois dans un coin chez nous et n’osent pas nous regarder. Nous passons entre un et deux ans pour resociabiliser les pires cas et quand nous pensons qu’ils sont prêts pour une personne aimante, on les met à l’adoption. Ils ne sont pas tous prêts à sauter dans les bras du premier venu, ce qui contrarie beaucoup de gens. Il y a d’autres personnes qui les voient comme ils sont : des chiens qui cherchent affection et joie, mais sont encore bloqués dans leur carapace de peur. Il leur faut juste du temps, de la patience et de la prudence.
J’ai eu une adoptante très jeune qui m’a répondu, très insolemment quand j’ai demandé 2 fois des nouvelles de la petite chienne : « Je l’ai achetée et je fais maintenant ce que je veux et vous, foutez-moi la paix ». C’était une chienne aussi très craintive que j’ai sortie de la fourrière et gardée plusieurs semaines en pension en Roumanie pour la sauver.
On ne vend pas nos chiens, nous les confions à des personnes avec qui nous pensons qu’ils seront bien. C’est très difficile, même après des entretiens téléphoniques et sur place, de savoir si les gens sont vraiment aptes à soutenir les chiens et capables de les aimer malgré les difficultés. On refuse beaucoup, mais on se trompe quand même quelquefois. C’est nous qui sommes hantés ces chiens en fuite, en panique totale, incapables de s’approcher de quelqu’un, tellement ils sont terrorisés.
L’adoptant se plaint de son grillage cassé, moi je pense à Bapsy, jetée en fourrière bébé et qui n’aura jamais profité d’une vie stable et heureuse. Si nous nous trompons, nous mettons une vie en danger.
Je vous écris aussi pour vous demander de l’aide pour financer tous les frais vétérinaires et nourriture pour les chats. Nous sommes submergées de chats et de chatons. Cette année est vraiment la pire depuis que je vis ici. On refuse constamment, mais on prend les chats piégés par les chasseurs, particuliers, sinon ils seraient noyés, tués avec les fusils. Il y a une extermination de chats dans ce pays, qui ne se voit pas, mais qui existe. Une cruauté sans fin qui nous empêche constamment de dire non .
Nous travaillons jusqu’à épuisement total et seules. Beaucoup de bénévoles qui devaient venir ne sont pas arrivés, quand nous leur avons expliqué les tâches à accomplir…
Le fait que nous ayons beaucoup de chats nous demande aussi d’agrandir les parcs pour eux, pour leur bien-être. Nous agrandissons nos parcs de chats à 540 m2, ce qui va nous coûter environ 9000 euros. Cela permettra aux chats de vivre dans un espace avec plus d’herbe et d’arbres.
Chaque aide financière et manuelle sera très bienvenue parce que nos moyens sont déjà épuisés par les frais pour le foin. La sècheresse nous oblige à donner du foin chaque jour. Chacun de vos dons nous aidera ; moi personnellement j’ai vidé tous mes comptes.
En espérant que nous pouvons compter sur votre aide, je vous remercie de tout mon cœur.
Verena FIEGL