Non. Nous ne sommes pas à la plage ou en vacances. Non.
Nous travaillons chaque jour jusqu’à deux heures du matin. Au lever, nous sommes déjà épuisées.
Souvent, nous n’avons pas le temps de manger et, le soir, à onze heures quand je suis très fatiguée, j’ai encore trois heures de travail très lourd devant moi.
Oui. Nous avons des bénévoles qui nous font des trajets chez le véto ou des collectes pour la nourriture, etc.… Des personnes formidables qui nous dépannent et nous soulagent.
Mais le travail quotidien, le nettoyage des 5 chatteries et des 2 maisons, les boxes et les trois étables, toutes les dépendances pour les chiens , la volière….tout ça, c’est à notre seule charge .
Les bénévoles qui nous avaient assuré pouvoir nous aider ont craqué au bout de trois jours ou ont fait un très mauvais travail. Bref, ils ne nous ont été d’aucune aide.
Nous n’avons pas le « rythme doux de la campagne » avec de longs repas et bavardages ici ou là.
Nous courons toute la journée. Nous travaillons avec le portable pour répondre aux messages constants.
Chaque jour, nous nettoyons tout à fond. Nous portons constamment de lourds sacs poubelles, du linge(à peu près 4 machines de 15 kg de 7h à minuit), des kilos de litière et de nourriture, etc...
Je suis aussi fatiguée par l’insolence, la cruauté et l’indifférence des gens.
Cette saison de chatons est celle que je redoute le plus.
Ces chattes qui arrivent avec leurs petits après avoir supplié des gens de leur donner de la nourriture, dans leur jardin. . Mais les gens ne leur donnent pas, ils appellent le service d’hygiène qui vient les tuer, si nous ne venons pas tout de suite.
« Madame » ne peut pas se déplacer mais nous nous avons le temps de faire plus d’une heure de route pour piéger, repiéger, etc ! Sinon, on sacrifie l’animal.
On nous appelle pour nous informer qu’un animal est blessé, très mal en point, affamé. Nous supplions les gens de l’amener au refuge ou de le faire prendre en charge, à nos frais, chez un vétérinaire mais c’est souvent vain.
L’appel à une association, c’est déjà assez d’implication personnelle car « il n’est pas à moi » !
Nous sauvons constamment des animaux, des chats, des ânes, des chevaux, des chèvres, des moutons, des vaches, des poules, des animaux sauvages blessés, mais à quel prix.
Nous sommes sur place 24h sur 24 . Dans la nuit, nous nous levons souvent pour calmer les chiens. Nous ne pouvons nous absenter que très difficilement et c’est toujours une organisation compliquée.
Je vous semble amère ?
J’aime énormément mon travail et chaque animal « moche » que les gens m’amènent , je l’aime beaucoup, mais ce n’est pas le speech idyllique à la L214 avec la vache qui me lèche la main.
C’est du travail dur, fatigant, extrêmement lourd, sale et souvent stressant.
Nous sommes responsables de centaines d’animaux et à tout instant, un accident, un drame peut se produire. Si nous ratons quelque chose nous pouvons perdre un animal. Une erreur peut être fatale et c’est irréversible .
C’est pour cela que nous sommes exigeantes avec les bénévoles sur place.
Nous ne sommes pas un parc animalier.
Nous avons beaucoup d’animaux très compliqués, malades ou faibles. Nous les accueillons quand même parce que sinon ils seront euthanasiés, abattus...morts.
Ils demandent une attention particulière, des frais énormes et un travail de 24h.
Nous n’avons pas le temps pour des visites, ou pour faire régulièrement de jolies vidéos qui rapportent de l’argent.
Je vous remercie de tout mon coeur pour votre compréhension, votre fidélité et votre confiance.
Verena Fiegl