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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 14:24

7 Years

Certains d’entre vous se demandent sûrement comment il nous est possible d’accomplir le travail qui nous attend chaque jour.  J’ai 22 ans et depuis 7 ans, je consacre toute ma vie aux animaux et à cette ferme sur laquelle nous les accueillons pour leur offrir un refuge, un lieu sûr. Je ne connais ni vacances, ni jours de congé. Mes journées commencent vers 6h30 et elles se finissent tard dans la nuit. Notre temps de sommeil n’excède jamais 6h. Je suis entièrement responsable de plusieurs centaines d’animaux, de leur vie, leur bien-être, leur santé et leur bonheur. Il est difficile d’expliquer ce que représente cette énorme responsabilité au quotidien. Ma mère nous a donné, à mes sœurs et à moi, une éducation exemplaire. Enfants, elle nous a appris à être responsables et à avoir des responsabilités. Le plus important pour elle a toujours été que nous ayons les yeux ouverts sur les autres, que nous respections ce qui est vivant et que nous venions naturellement en aide à ceux qui en ont besoin. Elle a toujours exigé de nous un travail soigné et appliqué, fait avec cœur.
Pour se lever tous les jours et affronter l’immense travail et les épreuves qui nous attendent, il faut de la volonté, de l’endurance, de la discipline, du courage, de la force, de l’abnégation et beaucoup d’amour. En ce qui me concerne, je le dois à ma mère et à la façon dont elle nous a éduquées, appris à vivre et à sa philosophie de vie. Les animaux m’ont également beaucoup appris et ils continuent de le faire tous les jours.
Au début, ce sont les effroyables conditions de vie des animaux de ferme dans les élevages qui m’ont révoltée. A 16 ans, j’ai demandé à sauver deux veaux nés de vaches laitières qui devaient partir à l’engraissement, puis à l’abattoir. Pendant des années, j’ai tenté de sortir un maximum de chèvres « en réforme » dans des élevages où elles étaient toujours enfermées dans des bâtiments. Comme presque tous les animaux d’élevage, la plupart vit dans des conditions difficiles. En plus d’avoir une qualité de vie très restreinte (enfermement, manque de place et de lumière…), certaines sont battues ou ne reçoivent pas suffisamment à manger.
En entrant dans différents élevages (volailles, caprins, ovins…) j’ai vu des animaux agoniser faute de soins, lentement, sans que quiconque ne se soucie de leur souffrance, de leurs douleurs ou de leur désespoir.
Le sort des chèvres laitières est peu connu. Contrairement à certaines idées reçues, ce ne sont pas des chèvres de race spéciale qui produisent du lait naturellement. Comme tout mammifère, avant de produire du lait, elles ont été en gestation et ont donné naissance à un ou plusieurs chevreaux. Malgré l’attachement et l’amour que les chèvres portent à leurs petits, ces derniers leur sont enlevés quelques heures après la naissance. Nous avons vu des mères essayer de cacher leurs petits en voyant arriver l’éleveur. Beaucoup de chèvres pleurent pendant plusieurs jours. Mis à part quelques femelles gardées pour remplacer des chèvres qui ne produisent plus ou pas assez de lait, tous les chevreaux sont envoyés à l’abattoir. Séparés bien trop tôt de leur mère et n’ayant souvent pas assez reçu de colostrum, ils sont fragiles et beaucoup attrapent la diarrhée ou meurent d’infection. Pour les mères, la gestation et surtout la mise bas sont toujours des moments critiques et difficiles. Certaines chèvres sont trop jeunes ou petites pour avoir des petits, d’autres ont des complications (petits mal positionnés, toxémies de gestation…). En raison de leur faible valeur marchande, rares sont les éleveurs qui vont faire venir un vétérinaire. Alors qu’une chèvre peut vivre une quinzaine d’années, en élevage, l’espérance de vie moyenne est de 5 ans. Après avoir été exploitées pendant plusieurs années, elles sont envoyées à l’abattoir. Parmi celles que nous avons pu sauver, certaines étaient dans un état de maigreur extrême, d’autres si faibles ou blessés qu’elles n’arrivaient même plus à se tenir debout.
Notre association accueille aussi beaucoup d’équidés.
Il y a un mois, j’ai pris en charge une jument d’un centre équestre, emphysémateuse et très maigre, avec des boulets dans un état indescriptible (voir photos). Avant son arrivée à la Ferme, dans le club, elle était toujours montée, malgré son inflammation et les douleurs qui s’ensuivaient.
Au fur et à mesure des années, ma mère a découvert d'autres animaux qui, en France, étaient traités comme des «nuisibles à supprimer» : les chats sauvages, craintifs ou "difficiles". Chassés, empoisonnés, mutilés, euthanasiés ; ils sont des milliers chaque année à disparaître, à être tués. Les atrocités commises contre les chats dépassent bien souvent l’imagination. Enormément de personnes se sentent dérangées par un chat errant ou sauvage présent devant leur porte ou dans leur jardin. Rares sont celles qui vont lui donner à manger ou le soigner. Plus rares encore sont les personnes qui vont accueillir et adopter l’animal en détresse qui se trouve devant elles. Pour des raisons diverses et multiples, une majorité va téléphoner à la mairie, à un vétérinaire ou à une fourrière pour que le «problème», c’est-à-dire le ou les chats, disparaisse. Beaucoup de particuliers règlent également le «problème» eux-mêmes. Pièges, poisons, coups de fusil, noyades… Tous les coups sont permis et utilisés pour se débarrasser de ces animaux qui déclenchent rapidement haine et agressions, bien plus souvent que de la compassion. Nous avons vu des chats qui étaient presque morts de soif ou de chaleur, ou encore d’hypothermie, dans des cages trappes posées par des particuliers comme par des professionnels, qui ne se donnent même pas la peine d’aller vérifier régulièrement si un chat est pris dans la cage.
Notre association s’est spécialisée dans l’accueil des chats sauvages, menacés ou "difficiles". Nous recuellions ceux qui crachent, mordent ou griffent ainsi que ceux qui s’enfuient de peur dès qu’une main humaine s’approche d’eux. Dans les fourrières, les refuges de la SPA ou des services comme la SACPA, ces chats ne sont pas gardés car ils sont très difficiles à manipuler et de ce fait ne sont pas adoptés. Nous accueillons également les incontinents, les FIV+, ceux qui ne font pas leurs besoins dans le bac à litière ou qui marquent leur territoire malgré la castration. Etant donné que les nouveaux arrivés, avant d’être totalement libres, sont d’abord lâchés dans de grandes cages pour prendre leurs repères, être vermifugés, castrés et identifiés, la charge de travail qui s’ensuit est importante.
Les chats sont des animaux très sensibles, facilement sujets aux maladies. A la Ferme, c’est moi qui leur donne les vermifuges, les comprimés, qui fais les piqûres ou qui contrôle les perfusions posées par le vétérinaire. Comme nous avons beaucoup d’animaux, il y en a toujours certains pour lesquels nous nous faisons du souci. Nous les avons en permanence près de nous pour pouvoir les surveiller. Souvent, la nuit, nous nous levons pour les observer, les contrôler. Certains luttent longtemps contre la maladie et nous nous battons avec eux. Mais voir partir ceux qu’on a voulu sauver, qu’on a aimés et chéris, est très dur. Parfois, nous savons que certains ne vont rester près de nous qu’un court moment. Leur maigreur, leurs symptômes ou lésions irréversibles nous l’indiquent. On ne s’habitue jamais à la mort, aux décès. Ces derniers sont toujours synonymes de souffrances, d’échec et d’une immense peine. Certains animaux sont uniques, magiques à leur façon ; ils savent nous enchanter en un instant. Les avoir à nos côtés est un vrai cadeau. Malgré notre peine pour un animal, nous devons continuer, pour les autres, nous ressaisir malgré les nausées et le vide dans lequel on a l’impression d’être tombées.
Certains animaux qui vivent ici ont fait preuve dans leur vie d’une force incroyable. Ils se sont battus pour survivre, pour vivre. Ils ont fait face à leurs peurs et ont montré un courage exemplaire. Je les admire et j’essaie de prendre exemple sur eux.
Malgré les nombreuses difficultés de notre vie, le lourd et dur travail, la peine, l’absence presque totale d’une minute de temps libre, ce travail est très important pour moi et m’enrichit. Il est un enseignement des bases de la vie.
Face aux factures vétérinaire, alimentaires et d’entretien considérables, nous avons besoin de vos dons. Nous espérons de tout cœur pouvoir encore compter sur votre soutien.
Morlind Fiegl
 

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commentaires

F
Morlind, Verena,<br /> <br /> Toutes nos pensées vont vers vous et tous les animaux en détresse victimes des dits "humains". Marc et Oceane se joignent à moi pour vous témoigner à quel point nous manquons de qualificatifs devant tant de courage et tant d Amour.<br /> Nous gerons à la maison beaucoup d animaux dont certains " balancés " au dessus du portail car les gens savent qu on s occupe des malheureux et sommes aussi critiqués d en avoir trop, je dis à ces personnes de porter leur jugement vers celles qui les ont délaissés et non ceux qui gèrent à leur place ces laissés pour compte, et je rappelle que TOUS les êtres vivants font partie de la création et que lorsque l on voit ce dont ils sont capables au quotidien à rompre l isolement de personnes, à aider des personnes en situation de handicap, à sauver des vies, à donner la leur pour la science, la fourrure, l alimentation, quel est le plus humain ???<br /> Les animaux sont votre priorité avant votre propre personne et peu de gens peut se prévaloir d une telle qualité de don de soi, de mérite, d Amour.<br /> Très affectueusement,<br /> Frédérique, Marc, Oceane.
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A
Très beau texte... Beaucoup d'admiration pour tout ce que faites, c'est pourquoi vous pouvez continuer à compter sur moi!
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R
Bravo pour ton article Morlind, il est touchant et superbe. A bientôt, bises à vous deux. Myriam <3
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N
vous êtes jeune...comment envisagez-vous votre avenir et celui de votre ferme ?
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C
Was sie für die Tiere tun ist bewundernswert,ich möchte gerne helfen,aber ich bin zu weit entfernt .Ich kann nur eine kleine Spende schicken über Pay Pal. Viele liebe Grüsse auch an ihre Mutter!
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