Dons : 66 % des sommes versées peuvent être déduits des impôts
7 Years
Certains d’entre vous se demandent sûrement comment il nous est possible d’accomplir le travail qui nous attend chaque jour. J’ai 22 ans et depuis 7 ans, je consacre toute ma vie aux animaux et à cette ferme sur laquelle nous les accueillons pour leur offrir un refuge, un lieu sûr. Je ne connais ni vacances, ni jours de congé. Mes journées commencent vers 6h30 et elles se finissent tard dans la nuit. Notre temps de sommeil n’excède jamais 6h. Je suis entièrement responsable de plusieurs centaines d’animaux, de leur vie, leur bien-être, leur santé et leur bonheur. Il est difficile d’expliquer ce que représente cette énorme responsabilité au quotidien. Ma mère nous a donné, à mes sœurs et à moi, une éducation exemplaire. Enfants, elle nous a appris à être responsables et à avoir des responsabilités. Le plus important pour elle a toujours été que nous ayons les yeux ouverts sur les autres, que nous respections ce qui est vivant et que nous venions naturellement en aide à ceux qui en ont besoin. Elle a toujours exigé de nous un travail soigné et appliqué, fait avec cœur.
Pour se lever tous les jours et affronter l’immense travail et les épreuves qui nous attendent, il faut de la volonté, de l’endurance, de la discipline, du courage, de la force, de l’abnégation et beaucoup d’amour. En ce qui me concerne, je le dois à ma mère et à la façon dont elle nous a éduquées, appris à vivre et à sa philosophie de vie. Les animaux m’ont également beaucoup appris et ils continuent de le faire tous les jours.
Au début, ce sont les effroyables conditions de vie des animaux de ferme dans les élevages qui m’ont révoltée. A 16 ans, j’ai demandé à sauver deux veaux nés de vaches laitières qui devaient partir à l’engraissement, puis à l’abattoir. Pendant des années, j’ai tenté de sortir un maximum de chèvres « en réforme » dans des élevages où elles étaient toujours enfermées dans des bâtiments. Comme presque tous les animaux d’élevage, la plupart vit dans des conditions difficiles. En plus d’avoir une qualité de vie très restreinte (enfermement, manque de place et de lumière…), certaines sont battues ou ne reçoivent pas suffisamment à manger.
En entrant dans différents élevages (volailles, caprins, ovins…) j’ai vu des animaux agoniser faute de soins, lentement, sans que quiconque ne se soucie de leur souffrance, de leurs douleurs ou de leur désespoir.
Le sort des chèvres laitières est peu connu. Contrairement à certaines idées reçues, ce ne sont pas des chèvres de race spéciale qui produisent du lait naturellement. Comme tout mammifère, avant de produire du lait, elles ont été en gestation et ont donné naissance à un ou plusieurs chevreaux. Malgré l’attachement et l’amour que les chèvres portent à leurs petits, ces derniers leur sont enlevés quelques heures après la naissance. Nous avons vu des mères essayer de cacher leurs petits en voyant arriver l’éleveur. Beaucoup de chèvres pleurent pendant plusieurs jours. Mis à part quelques femelles gardées pour remplacer des chèvres qui ne produisent plus ou pas assez de lait, tous les chevreaux sont envoyés à l’abattoir. Séparés bien trop tôt de leur mère et n’ayant souvent pas assez reçu de colostrum, ils sont fragiles et beaucoup attrapent la diarrhée ou meurent d’infection. Pour les mères, la gestation et surtout la mise bas sont toujours des moments critiques et difficiles. Certaines chèvres sont trop jeunes ou petites pour avoir des petits, d’autres ont des complications (petits mal positionnés, toxémies de gestation…). En raison de leur faible valeur marchande, rares sont les éleveurs qui vont faire venir un vétérinaire. Alors qu’une chèvre peut vivre une quinzaine d’années, en élevage, l’espérance de vie moyenne est de 5 ans. Après avoir été exploitées pendant plusieurs années, elles sont envoyées à l’abattoir. Parmi celles que nous avons pu sauver, certaines étaient dans un état de maigreur extrême, d’autres si faibles ou blessés qu’elles n’arrivaient même plus à se tenir debout.
Notre association accueille aussi beaucoup d’équidés.
Il y a un mois, j’ai pris en charge une jument d’un centre équestre, emphysémateuse et très maigre, avec des boulets dans un état indescriptible (voir photos). Avant son arrivée à la Ferme, dans le club, elle était toujours montée, malgré son inflammation et les douleurs qui s’ensuivaient.
Au fur et à mesure des années, ma mère a découvert d'autres animaux qui, en France, étaient traités comme des «nuisibles à supprimer» : les chats sauvages, craintifs ou "difficiles". Chassés, empoisonnés, mutilés, euthanasiés ; ils sont des milliers chaque année à disparaître, à être tués. Les atrocités commises contre les chats dépassent bien souvent l’imagination. Enormément de personnes se sentent dérangées par un chat errant ou sauvage présent devant leur porte ou dans leur jardin. Rares sont celles qui vont lui donner à manger ou le soigner. Plus rares encore sont les personnes qui vont accueillir et adopter l’animal en détresse qui se trouve devant elles. Pour des raisons diverses et multiples, une majorité va téléphoner à la mairie, à un vétérinaire ou à une fourrière pour que le «problème», c’est-à-dire le ou les chats, disparaisse. Beaucoup de particuliers règlent également le «problème» eux-mêmes. Pièges, poisons, coups de fusil, noyades… Tous les coups sont permis et utilisés pour se débarrasser de ces animaux qui déclenchent rapidement haine et agressions, bien plus souvent que de la compassion. Nous avons vu des chats qui étaient presque morts de soif ou de chaleur, ou encore d’hypothermie, dans des cages trappes posées par des particuliers comme par des professionnels, qui ne se donnent même pas la peine d’aller vérifier régulièrement si un chat est pris dans la cage.
Notre association s’est spécialisée dans l’accueil des chats sauvages, menacés ou "difficiles". Nous recuellions ceux qui crachent, mordent ou griffent ainsi que ceux qui s’enfuient de peur dès qu’une main humaine s’approche d’eux. Dans les fourrières, les refuges de la SPA ou des services comme la SACPA, ces chats ne sont pas gardés car ils sont très difficiles à manipuler et de ce fait ne sont pas adoptés. Nous accueillons également les incontinents, les FIV+, ceux qui ne font pas leurs besoins dans le bac à litière ou qui marquent leur territoire malgré la castration. Etant donné que les nouveaux arrivés, avant d’être totalement libres, sont d’abord lâchés dans de grandes cages pour prendre leurs repères, être vermifugés, castrés et identifiés, la charge de travail qui s’ensuit est importante.
Les chats sont des animaux très sensibles, facilement sujets aux maladies. A la Ferme, c’est moi qui leur donne les vermifuges, les comprimés, qui fais les piqûres ou qui contrôle les perfusions posées par le vétérinaire. Comme nous avons beaucoup d’animaux, il y en a toujours certains pour lesquels nous nous faisons du souci. Nous les avons en permanence près de nous pour pouvoir les surveiller. Souvent, la nuit, nous nous levons pour les observer, les contrôler. Certains luttent longtemps contre la maladie et nous nous battons avec eux. Mais voir partir ceux qu’on a voulu sauver, qu’on a aimés et chéris, est très dur. Parfois, nous savons que certains ne vont rester près de nous qu’un court moment. Leur maigreur, leurs symptômes ou lésions irréversibles nous l’indiquent. On ne s’habitue jamais à la mort, aux décès. Ces derniers sont toujours synonymes de souffrances, d’échec et d’une immense peine. Certains animaux sont uniques, magiques à leur façon ; ils savent nous enchanter en un instant. Les avoir à nos côtés est un vrai cadeau. Malgré notre peine pour un animal, nous devons continuer, pour les autres, nous ressaisir malgré les nausées et le vide dans lequel on a l’impression d’être tombées.
Certains animaux qui vivent ici ont fait preuve dans leur vie d’une force incroyable. Ils se sont battus pour survivre, pour vivre. Ils ont fait face à leurs peurs et ont montré un courage exemplaire. Je les admire et j’essaie de prendre exemple sur eux.
Malgré les nombreuses difficultés de notre vie, le lourd et dur travail, la peine, l’absence presque totale d’une minute de temps libre, ce travail est très important pour moi et m’enrichit. Il est un enseignement des bases de la vie.
Face aux factures vétérinaire, alimentaires et d’entretien considérables, nous avons besoin de vos dons. Nous espérons de tout cœur pouvoir encore compter sur votre soutien.
Morlind Fiegl
La Ferme des Rescapés
600 animaux HEUREUX !
Fondée en 2009, la Ferme des Rescapés recueille des animaux abandonnés, maltraités, exploités, enfermés, menacés ou destinés à l'abattoir. Sur 30 hectares, 600 animaux sont ainsi soignés (bénévolement) par deux femmes (une mère, Verena Fiegl et sa fille Morlind) tout simplement extraordinaires.
Comment aider la Ferme des Rescapés.
L'association n'a pas de salarié, les dons vont entièrement au profit des animaux. Reconnue d'intérêt général, 66 % des sommes versées peuvent être déduits des impôts.
La Ferme des Rescapés, Le Fraysse, 46700 Cassagnes
Tél. 05 65 36 64 85 – 06 13 77 09 09
Installée dans le Lot (Sud-Ouest de la France), la Ferme des Rescapés, association reconnue d'intérêt général, n'a rien de commun avec un refuge traditionnel. Ici, les chiens vivent en meute libre, la maison d'habitation appartient aux chats et les animaux de ferme, sortis de bâtiments d'élevage, sont totalement libres. Les deux femmes qui vivent chaque jour près d’eux, Verena et Morlind, donnent toute leur énergie à cette noble mission, y sacrifiant leur temps, leur santé, leur vie de famille et leur argent. Avec cette seule motivation : ces animaux ont tous le droit à une vie meilleure. Interview émouvant avec une femme de courage et de dévouement qui, en aidant les animaux en détresse, sauve le monde tout entier.
Animaux Bonheur - Comment et pourquoi est née votre association ?
Verena Fiegl - Après avoir emménagé dans le Lot en tant que maraîchère biologique il y a 16 ans, j’ai vu autour de moi beaucoup d’animaux négligés, abandonnés ou maltraités. Pendant des années j’ai soigné, stérilisé et recueilli des animaux. J’en ai aussi racheté qui vivaient dans des conditions misérables mais où les services vétérinaires avaient refusé d’entreprendre des démarches. J’ai dépensé des dizaines de milliers d’euros pour les soins vétérinaires et pour les aménagements de clôtures, parcs… En 2008, n’ayant plus les moyens de subvenir aux besoins des centaines d’animaux qui m’avaient été apportés ou que j’avais recueillis, j’ai décidé de créer avec ma fille, une association afin de venir en aide à un plus grand nombre d’animaux. L’association La Ferme des Rescapés est donc née en 2009.
Comment fonctionnez-vous ?
Nous sommes dépendants des dons de particuliers et des subventions des fondations. Actuellement, ce sont les fondations Brigitte Bardot et 30 millions d’amis qui nous donnent chaque année une certaine somme d’argent pour la nourriture et les frais vétérinaires. Ma fille et moi-même travaillons sur l’exploitation de fruits et légumes biologiques qui est notre seule source de revenus. Malheureusement, nous avons toujours trop peu de temps pour nous en occuper, puisque nous faisons passer en priorité notre travail, entièrement bénévole, pour les animaux vivant dans notre refuge.
Quelles sont les grandes difficultés que vous rencontrez ?
Les difficultés financières sont toujours très pesantes. Nous avons 600 animaux dans notre refuge, ce qui entraîne beaucoup de frais de nourriture, vétérinaires, d’infrastructures (étables, grillages, chatteries….) et d’entretien. Le nettoyage et les soins des animaux est un travail immense. Nous travaillons 17-18 h par jour, 365 jours par an. Cela nous laisse trop peu de temps pour nous faire connaître et pour ainsi recevoir plus de dons. Nous accueillons beaucoup de chats sauvages de différentes associations et fourrières. Celles-ci nous apportent des dizaines d’animaux, mais ne peuvent pas nous donner de l’argent. Mis à part des moyens financiers qui nous manquent toujours, c’est l’immense travail qui est physiquement et moralement très lourd et sans fin. Nous sacrifions notre vie, notre famille et notre santé.
Quelles sont vos plus belles réussites ?
Les plus belles réussites sont de voir les chèvres et les poules qui étaient enfermées et qui n’ont jamais vu ni le soleil, ni l’herbe, se promener sur la ferme et courir ; voir les animaux maltraités, anxieux, exploités comme les chiens et les chevaux, regagner la confiance et la joie de vivre. Des animaux chassés, paniqués, arrivent ici ; ils ne connaissaient que la terreur. Voir des chats sauvages qui peuvent enfin manger à leur faim, se blottir contre le radiateur et dormir détendus sur le canapé est pour moi une source de bonheur.
Quelles anecdotes heureuses avez-vous à faire partager à nos lecteurs ?
Il y a Aurélie, une chienne berger allemand qui a vécu toute sa vie (8 ans) dans un trou de béton dans un refuge. Quand je l’ai récupérée en la tirant avec une corde, elle mordait autour d’elle comme un animal sauvage. Elle a vécu des années avec nous, elle ne s’est jamais laissée toucher, mais elle exprimait beaucoup de joie quand elle nous voyait. Elle a vécu une grande et tendre histoire d’amour avec un vieux et maigre chien de chasse que j’ai sorti du même refuge. Les deux passaient des après-midi dehors au soleil, blottis l’un contre l’autre.
C’est magnifique.
Voici une autre petite anecdote qui illustre à merveille l’ambiance qui règne à la Ferme. Hier soir quand nous avons fait notre promenade avec les chiens qui comme à leur habitude couraient partout, il se trouvait encore une chèvre seule dans un pré à côté de Milwaukee, notre grande vache. Quelques chiens se sont mis à courir vers la chèvre qui s’est sentie menacée. Mais instinctivement, elle s’est approchée de la vache, même si elle avait peur de sa grande taille. Milwaukee comprit la situation et tourna légèrement la tête avec ses longues cornes vers les chiens qui s’arrêtèrent aussitôt. Ce fut un geste spontané, solidaire et très souverain. Milwaukee n’eut pas du tout peur et protégea simplement la chèvre. Il faut savoir qu’avant d’être recueillie à la Ferme, Milwaukee était attachée à une chaîne très courte avec pour seul horizon le mur de sa prison. Sa seule source de lumière était une porte qui ne s’ouvrait que rarement. Quand elle est arrivée chez nous, elle paniquait et avait peur de sortir. Nous étions obligées de l’enfermer pour la calmer. Maintenant, elle est tranquille, et a doublé de poids. Elle démontre comme l’ensemble des animaux de la Ferme des Rescapés, qu’il y a une vie commune possible, sans violence ni humiliation, mais avec la liberté, le respect, l’espoir et l’amour. Elle démontre qu’il faut donner sa force et sa voix pour les vulnérables.
Comment faites-vous pour tenir moralement devant tant de détresse ?
Quelques fois nous ne tenons plus. Nous pleurons, nous désespérons devant la souffrance et la détresse que nous voyons presque chaque jour. C’est la discipline et l’amour pour les animaux qui nous aident à recommencer chaque jour. C’est aussi la certitude qu’ils n’ont que nous, et que si nous ne si on ne tenons plus, ils vont mourir. Il faut vivre avec la tristesse.
Que pensez-vous de la protection animale aujourd'hui en France ?
Etre végétarien ou végan en France est toujours considéré comme un choix personnel, à peine toléré, et non comme une nécessité politique. Je pense que la protection animale en France est une catastrophe. Les lois qui existent pour protéger les animaux ne sont pas appliquées, même les lois européennes pour les animaux de ferme ne sont pas respectées. La misère de l’abandon, l’euthanasie de milliers de chats et de chiens chaque année dans les fourrières et les refuges, sont le résultat d’une reproduction incontrôlée, causée non seulement par les nombreux élevages, mais aussi par de nombreux particuliers irresponsables. Les vétérinaires ne sont pas intéressés pour faire changer cette attitude. Les chats sauvages sont cruellement et sans pitié décimés par des particuliers et les municipalités. Il n’existe pas de structure pour les accueillir; c’est pour cela que nous sommes sollicitées de toute la France.
Vous travaillez en famille, comment cela se passe-t-il ?
Je travaille avec ma plus jeune fille, Morlind. Depuis qu’elle a 15 ans elle travaille avec moi 18 heures par jour pour soigner les animaux.
Que nous apprennent les animaux en détresse ?
Ils nous apprennent surtout que, « chacun est responsable de tous » (St Exupéry). Si nous avons la connaissance concrète qu’un animal souffre c’est de notre devoir de l’aider. Mais les animaux ne se comportent pas comme des victimes. Ils nous montrent souvent une dignité exemplaire, une solidarité avec leurs congénères (chats, chèvres…) et une résilience énorme. Ils nous offrent encore leur confiance, malgré des années de maltraitance. Nous sommes souvent honorées par leur présence.
Comment voyez-vous l'avenir de votre association ?
« Vous êtes notre dernier recours ». C’est la phrase que nous entendons souvent au téléphone. Nous voyons notre association comme une nécessité qu’il faut absolument préserver. La Ferme des Rescapés a une vocation différente des autres associations. Ici tous les animaux qui n’ont pas trouvé une place ailleurs : les malades, les perturbés, les gravement handicapés, les « laids », les vieux, les sauvages qui n’acceptent plus les humains, tous peuvent trouver leur place pour la vie. Ils y vivent en liberté et en paix.
Un seul mot pour conclure cette interview : MERCI !
Tous les jours, on se lève en espérant que la journée qui commence ne sera pas trop dure. Ni pour les animaux ni pour nous. Après avoir terminé l’année 2014 avec des problèmes de santé de ma mère (morsure de chat, grande crise d’arthrose), nous commençons 2015 en perdant des amis animaux très chers à notre cœur. Je tiens à rendre hommage à certains d’entre eux. Elles nous ont marqué par leur intelligence, leur force et leur courage. Elles se sont battues pour rester en vie et pour vivre. Elles ont profité de chaque jour qui leur a été offert sur la ferme.
Hommage à Myfair, une jument au caractère d’or, une mère passionnée.
Je me souviens de la nuit où tu as mis au monde ton fils. Tu étais si fière ! Il n’arrivait pas encore à tenir debout, mais il cherchait déjà à téter. Tu lui a tout donné ; ta force, ton amour , ton attention. Il a été ton grand bonheur. Tu ne l’as jamais quitté, de peur qu’il ne te soit enlevé, comme tes autres poulains avant.
Quand nous t’avons racheté au marchand il y a deux ans, il a dit que tu étais « vide ». Il allait t’envoyer à l’abattoir, puisque si tu ne pouvais plus pouliner, tu ne lui étais plus d’aucune utilité. Toute ta vie tu as servi les humains. Tu as sauté par-dessus les obstacles qu’ils ont mis sur ton chemin. Tu as couru pour eux, aussi vite que tu as pu. Tu les as porté sur ton dos. Tu leur as donné trois magnifiques poulains. Mais le jour où ils ont découvert que tu ne leur « rapporterait plus rien », ils ont déclaré que tu étais une « charge », qu’ils ne pourraient pas te garder. Nous t’avons pris au marchand avec une ponette (Sugar), complètement sauvage et terrifiée par l’homme. Sugar a paniqué quand les marchands vous ont chargées dans leur camion. Face à leur violence, tu es restée, malgré ta peur, forte et sage. Vous êtes arrivées toutes les deux blessées. Tu avais une vilaine plaie à un antérieur. Te soigner, laver la plaie n’a pas été facile tous les jours ! Tu étais très distante ; tu ne voulais plus que les humains te manipulent. Pendant les mois qui ont suivis ton arrivée, tu étais comme autiste. Tu ne t'intéressais pas aux autres chevaux. Tu profitais de la nourriture et tu appréciais qu’on te laisse tranquille. Et puis, au début de l’automne, tu nous a offert une grande surprise. Tu commençais à avoir un joli ventre rond ! Le vétérinaire et les marchands s’étaient trompés. Tu portais un splendide poulain. Wounded Knee est né le 15 novembre 2013 dans la nuit. Pendant les 5 premiers mois de sa vie, vous étiez à l’étable, au cœur de la ferme. Vous voir tous les jours, venir t’apporter ta ration et te soigner ont été un plaisir. Quand ton fils a commencé à se promener dans l’étable et que tu ne pouvais pas le suivre, tu as immédiatement eu peur. Tu ne l’as jamais quitté du regard. Au printemps, nous avons aménagé un tout nouveau pré pour toi et Wounded Knee. Le petit veau vous a rejoint. Tu l’as adopté et tu as essayé de lui apprendre les bonnes manières !!! Wounded Knee aimait l’embêter et jouer avec lui.
Ce soir, quand nous avons sorti ton corps du pré, ils étaient tous les deux perdus. Wounded Knee a galopé dans tous les sens. Le veau a senti ton corps et a tapé des pieds au sol, comme pour dire : "Myfair, lève-toi…" Wounded Knee a encore plusieurs fois henni dans la soirée.
Ce pré que vous occupiez, cet espace de la ferme, c’était le vôtre. Il suffisait que vous entendiez ma voix pour hennir et venir chercher votre ration quotidienne. Ne plus jamais te voir descendre derrière les jeunes, me regarder avec tes magnifiques yeux, va me manquer.
Quand tu as eu de la diarrhée, la semaine dernière, j’ai tout de suite eu peur, mais tu as bien réagi au traitement. Mais tu étais fatiguée. Tu ne te sentais pas bien. Quand je t’ai vue en vie pour la dernière fois, tu mangeais ta ration avec Wounded Knee.
Quelques jours avant la mort de Myfair, nous avons du faire euthanasier Sihamoon. Elle était arrivée à la ferme au début de l’année. Jument d’élevage, elle a été poulinière jusqu'à l'âge de 21 ans, après être sortie des courses d’endurance. Nous l’avons trouvée allongée dans son box. Malgré une perfusion et des médicaments, elle n’a plus réussi à se relever.
Le plus dur dans ce travail auprès des animaux, ce ne sont pas les longues journées et les courtes nuits, mais la souffrance à laquelle nous sommes confrontés quotidiennement. Voir mourir et perdre ceux que l’on aime, ceux qui ont partagé nos journées, nos vies, qui nous ont apporté joie et bonheur, est un poids immense. Certains animaux arrivent dans un état qui laisse peu d’espoir. Ils n’auront plus que quelques jours à vivre, d’autres quelques mois. Même si nous savons qu’ils sont condamnés, on espère toujours un miracle. Contrairement à ce que certains pensent, on ne s’habitue jamais à la mort. Elle est toujours aussi douloureuse et destructrice. Elle nous vide de toute énergie. Il y a quelques jours, nous avons fait le compte-rendu des entrées et sorties d’animaux sur la ferme en 2014. Ceux qui le liront y verront des chiffres. Nous, nous y voyons des êtres vivants ou disparus, des amis ou des animaux qui nous ont honorées un moment de leur présence. Des images défilent dans notre tête…
Le seul moyen pour moi d’oublier par moment les disparus, est de continuer, de me concentrer sur tous ceux qui ont encore besoin de nous, qui nous attendent. Car ce qui est certain, c’est qu’ils valent la peine qu’on leur donne notre énergie, notre temps, notre amour, notre vie.
Un peu moins d'une cinquantaine de chiens vivent libres au refuge de La ferme des rescapés.
Pourquoi et comment ?
Plus d'infos dans le lien suivant :
http://www.la-ferme-des-rescapes.org/les-animaux-de-la-ferme-des-rescapés/les-chiens/
Cassagnes, 15 décembre 2013
Chère donatrice, cher donateur,
Cela fait des semaines que je veux vous écrire et vous remercier pour le don que vous nous avez fait.
Si vous recevez cette lettre seulement aujourd'hui, c'est parce que nous sommes littéralement absorbées par le travail quotidien du matin jusqu'à minuit ou plus tard.
Il y a tant d'animaux qui sont arrivés cette année que le nettoyage et les soins sont infinis. Chaque chambre, chaque étable est remplie, même le dernier gîte, jusqu'à maintenant libre d'animaux, héberge des chatons et des chats sauvages.
Il y a chaque jour des centaines de mètres carrés à nettoyer, il y a 3 machines à laver qui tournent dix heures par jours, il y a le linge qu'il faut suspendre, plier, ranger.
Avec le mauvais temps, la plupart des animaux, comme les chats mais aussi les chèvres, la vache, des chevaux malades... restent dedans et causent un immense tas de fumier qu'il faut sortir à la main. Parmi les chevaux, beaucoup ont besoin de soins particuliers et quotidiens parce qu'ils sont malades, faibles ou âgés.
Il reste aussi chaque jour des dizaines de cages et parcs avec des tortues, lapins, cochons d'inde, écureuils, furet, ainsi que la grande volière avec 100 oiseaux exotiques et l'enclos des oies à nettoyer.
Et il ne faut pas oublier notre travail dans le jardin, le seul travail qui nous rapporte de l'argent mais qui prend aussi beaucoup de temps.
Entre tout ce travail il faut trouver le temps pour piéger ou chercher des chats, aller chez le vétérinaire, faire les courses, charger et décharger la voiture des légumes jetés par un supermarché, enlever les crottes des chiens de la cour, du parc arboré, préparer 3 fois par semaine les légumes récoltés pour le marché.
Il ne se passe pas un jour sans qu'il n'y ait devant la porte des personnes qui apportent un animal, des livreurs, des visiteurs, la police, des pompiers, des membres d'autres associations ou de refuges. Chaque visite nous coûte au moins une demi-heure qu'il est impossible de rattraper.
Le téléphone sonne 15 à 20 fois par jour. Nous préférons le téléphone aux mails qui nous obligent à arrêter notre travail et à ouvrir l'ordinateur. Pendant que nous sommes au téléphone, nous nettoyons les cages avec les chats malades, nous enlevons les crottes des chiens et chats impropres, nous préparons les médicaments et la nourriture… Il faut aussi nettoyer les fenêtres, les radiateurs, les lampes, repeindre les murs...
Et quand le dernier chat est soigné contre la diarrhée, le coryza, l'ulcère, la teigne, une pneumonie..., quand la dernière chèvre a été traitée contre le piétin, quand le dernier cheval a reçu son traitement, quand tous les animaux ont leur eau et leur nourriture et qu'ils sont propres, nous sommes trop fatiguées pour écrire un seul mot !!!
Heureusement qu'il y a vous, qui nous soutenez avec des dons financiers. D'autres nous envoient des colis avec du matériel ou passent pour nous apporter de la nourriture ou d'autres choses utiles. Un grand merci aux bénévoles qui nous ont aidées au cours de l'année.
Je me permets de vous remercier avec ce rapport annuel, même si chacun d'entre vous mériterait une lettre personnelle. Sachez que ma gratitude est grande envers votre solidarité, votre fidélité et votre compréhension. Les temps sont difficiles, pour les animaux ils sont catastrophiques.
Il n'y a pas que l'abandon qui est pire que jamais, mais aussi la maltraitance et la malnutrition qui ont beaucoup augmenté.
Oui, même si nous avons dépassé nos limites financières, même si nous travaillons sans qu'il nous reste une minute pour nous mêmes, nous avons du mal à laisser des animaux mourir «dehors».
Grâce à votre générosité, il y a beaucoup beaucoup de petites et de grandes vies qui ont commencé à vivre ici.
Pendant que je vous écris, il y a à peu près 25 chiens et 30 chats qui dorment ensemble et paisiblement ici, dans le salon. Presque tous étaient destinés à l'euthanasie, chassés, battus. Ils sont arrivés pleins de méfiance, de peur...
Maintenant il règne une ambiance paisible, détendue et pleine d'amour et de tendresse.
Je vous remercie infiniment pour avoir rendu tout cela possible. Vous nous avez aidées à sauver des vies précieuses, vous avez contribué à soutenir cette ferme qui montre qu'une autre vie entre animaux et humains est possible.
Vous aidez essentiellement à rendre des centaines d'animaux heureux dans notre ferme et à prouver que l'espoir et l'amour sont plus forts que la peur et la violence.
JE VOUS SOUHAITE DE BONNE FETES DE FIN D'ANNEE ET UNE NOUVELLE ANNEE PAISIBLE.
Le magazine "Animal santé et bien-être" publie dans son numéro de mai-juin un article sur la "Ferme des rescapés".
Il résume nos actions, notre combat pour les animaux et nos principes de vie avec eux.
Tous les animaux et nous mêmes, remercions l'équipe de rédaction du magazine, pour leur soutien ; en particulier Mme Céline NEBOUT, la Rédactrice en Chef de Animal Santé & Bien-Être !!!
Pour en savoir d'avantage, voici un lien vers leur site internet : http://www.animalsantebienetre.fr/
Dans le Lot, sauvés de l’abattoir, de l’euthanasie, de la cruauté ou de l’irresponsabilité, près de 600 animaux de compagnie et d’élevage vivent sur notre ferme-refuge de 29 ha, véritable havre de paix pour eux.
Téléphone : 05 65 36 64 85
ou 06 04 41 80 45
Adresse : La Ferme des rescapés
Chez Mme Verena Fiegl
Le Fraysse
46700 Cassagnes
Mail : protectionanimaux46@gmail.com
vous trouverez tous les moyens de nous aider
(dons matériels, bénévolat, achats solidaires, micro-don...)
Les adoptions sont indispensables pour que nous puissions continuer
à accueillir des chiens en grande détresse.
La suite ici
Appel à la mobilisation !
Aidez-nous en utilisant le moteur de recherche LILO !
C'est 100 % gratuit !
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