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10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 22:59

Cher blournal,

Je t’écris après plusieurs mois d’absence, j’en suis vraiment désolée mais, écrire est mon métier et il se trouve que ces derniers temps ont été chargés de commandes et d’échéances à honorer. Fournir des textes par nécessité coupait toute envie d’en fournir par plaisir et je t’ai négligé. Ou peut-être qu’inconsciemment j’attendais d’avoir quelque chose de vraiment important à te dire, ce qui est le cas aujourd’hui.

Comme tu le sais peut-être, je me suis engagée dans la cause animale il y a quelques années essuyant à tout va les « Il y a des causes plus importantes » des uns et des autres. Pendant longtemps j’ai répondu que toutes les causes étaient importantes, que choisir une cause c’était comme tomber amoureux, que chacun devait aller là où le vent l’appelle… Mais c’était beaucoup d’énergie à essayer de convaincre ceux qui ne seront jamais convaincus, plus occupés qu’ils sont à chercher la paille dans l’oeil du voisin qu’à se demander ce qu’ils pourraient faire eux-même pour rendre ce monde plus vivable. Alors maintenant je ne dis plus rien. Juste, je fais.

Mais voilà, il me semblait que je ne faisais pas assez. Et cette envie de faire plus a dû se matérialiser dans l’espace temps, sans le vouloir j’ai dû lancer une bouteille à la mer, puisqu’un beau jour, il y a quelques semaines très précisément, m’est venue l’opportunité de m’investir encore plus.

Cette opportunité portait les traits de Patricia qui ce jour là dans un mail me décrit le désarroi de Verena et de sa fille Morlind, s’occupant à elles seules de six cents animaux sauvés de l’abattoir ou de l’euthanasie. Patricia voudrait que je devienne la marraine de cette « Ferme des rescapés », l’association qu’elles ont fondée, et ma première pensée est de me dire qu’elle pourrait trouver bien plus médiatisée que moi. Ma seconde pensée est plus égoïste : je vais dire «oui» parce que ce genre d’endroit est pour moi l’équivalent de Disneyland pour quelqu’un de normal. Mais dire «oui» dans le vide, comme ça, dans un mail Facebook, cela n’avait aucun sens. Alors avec mon amoureux, un beau samedi matin de mai, on a décidé de faire les six heures de route qui nous séparaient de Véréna, de Morlind et de leur six cents co-locataires pour une prise de contact nécessaire à une collaboration que je voulais vraiment solide. J’ai trop souvent été victime de paroles en l’air pour en fournir à mon tour.

Le Lot est une région magnifique (Non, je ne connaissais pas…). Aussitôt quitté l’autoroute, ce sont de petites routes sinueuses qui se glissent dans des reliefs tantôt ocres tantôt émeraudes, ici et là un village silencieux nous présente son collier de maisons d’un autre temps qu’avoisinent d’autres maisons plus récentes et dont certaines sont d’une beauté à se dire « Allez, je plaque tout et je viens habiter ici ».
La ferme se trouve en haut d’une vallée, ce sont les chevaux et les ânes que nous avons vus en premier et, plus nous nous enfoncions, plus nous voyions d’autres animaux, des chèvres, des moutons et…
– Ho un bézu !
– Un bézu ?
– Oui un bézu, regarde là bas, avec sa bosse !
– Non ma chérie c’est un zébu. Bézu c’est le monsieur qui chantait « À la queuleuleu ».

Ceci est un extrait d’une conversation que nous avons réellement eue alors pour info :
Au bout du chemin de terre nous attendait un comité d’accueil : Ruby et Rufus, deux chiens qui nous ont tellement fait la fête que je me suis demandée si ils nous confondaient pas avec d’autres personnes. Mais en fait non, ce n’était que l’expression de ce bonheur à l’état brut, vous savez celui qui anime souvent les chiens. Ce bonheur qui n’a pas besoin de raison pour exister et dont j’aimerais être habitée moi aussi quelquefois.

Quand Verena et Morlind se sont dirigées vers nous, j’ai eu envie de m’incliner, de les saluer comme si elles eussent été deux reines d’Angleterre. Combien d’animaux leur doivent la vie ? Où trouvent-elles la force d’en faire tant pour si peu en échange ? Pourquoi ne décerne-t-on jamais de légions d’honneurs à des gens comme elles ? (Je n’ai de réponse pour aucune de ces questions).

A l’ombre d’un arbre, entourées d’une meute de chiens aimants et de quelques chats un peu condescendants (Parce que c’est leur nature de chat), elles nous ont raconté leur histoire. Comment il y a 18 ans elles sont arrivées d’Allemagne et comment elles ont été choquées par le peu de respect et de considération avec lesquels étaient traités les êtres vivants non humains en campagne. Comment elles ont décidé d’aider quelques animaux, puis de plus en plus… En 2009, pour pouvoir parvenir au besoin de tous leurs protégés, il a fallu créer une association et aujourd’hui le nombre d’animaux ne

cesse de croitre et le gros problème, évidement, c’est que les finances ne suivent pas. Toutes leurs journées sont consacrées aux chevaux, aux chiens, aux chèvres… Jamais elles ne prennent de temps pour elles, encore moins de vacances. Moi qui pensais « agir » en faveur des animaux, je réalise que finalement je ne fais pas grand chose et face à l’abnégation qu’incarne Verena et Morlind, je me sens bien petite.

Croyant être positive je leur parle de l’évolution des mœurs, les gens ne sont-ils pas de plus en plus concernés par la cause animale ? Les choses ne vont-elles pas dans le bon sens ? Verena et Morlind ne voient alors pas du tout à quoi je fais allusion tant tous les jours elles sont témoins des pires horreurs : ce sont des chatons que l’on noie dans des lacs ; des chiens de chasse en fin de carrière que l’on abat au fusil ; des chevaux que l’on monte pendant 10 ans puis qu’on choisit d’emmener à l’abattoir car on va en acheter un autre plus robuste ou plus beau ; des agriculteurs poussés à bout par un système qui les pille qui, un jour, décident de ne plus se lever et laissent mourir de faim leur cheptel ; des chèvres à la patte cassée que l’on va choisir d’abattre plutôt que de soigner ; des renards agonisant dans des pièges ; des chats que l’on torture par plaisir… Et tout cela est complètement passé sous silence, pas du tout médiatisé, normal.

La souffrance animale n’a pas seulement lieu devant les caméras de la L214 ou dans les arènes des corridas, c’est toujours et tout le temps. Tous ces animaux, cela leur fait une belle jambe que deux fois par an j’aille manifester ou que je tweete mon véganisme à tout va. Victor Hugo disait « L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà », c’est vrai. On parle bien ici d’un véritable calvaire dont nous sommes seuls responsables. Il faudrait des Verena et des Morlind en quantité pour changer les choses, il en faudrait dans les écoles pour sensibiliser les enfants, au sénat pour sensibiliser les adultes. Parce que cette violence, ce « je m’en foutisme », n’en dit pas seulement long sur notre rapport à l’animal. Il en dit long sur notre manque d’empathie. Car pour citer un autre grand auteur, Lamartine : « On a pas deux cœurs, un pour les hommes et un pour les animaux. On a un cœur ou on en a pas ».

Après ce triste constat, Morlind nous propose ce que je n’osais espérer : une visite de la ferme ! Ce serait bien long de vous raconter en détails toutes les rencontres que nous avons faites lors des deux heures qui ont suivies. Chaque animal est une personnalité à part entière, un coup de cœur, et chacun d’entre eux avait un calvaire à raconter.

On a failli en ramener trois chez nous mais un cochon ne serait pas heureux dans notre salon. Ceux qui m’ont le plus touchée était ceux qui voulaient m’approcher mais qui au dernier moment changeaient d’avis de peur que je leur fasse du mal. Il y avait notamment ce poney, maltraité par son ancien propriétaire, qui toujours était à un mètre de moi, il me suivait partout, mais dès que je voulais le caresser alors il partait en courant comme si je lui avais dit un truc super vexant. Oui mais il revenait au bout de quelques minutes, curieux, intrigué par ma présence, et recherchant malgré tout le contact humain tout traumatisé qu’il pouvait être. En fait j’étais sa thérapie cognitive.

A regarder Morlind évoluer dans ses troupeaux comme une Manon des Sources du sud ouest, je n’arrivais pas à savoir si j’étais jalouse d’elle ou triste pour elle. Jalouse car passer sa vie entourée d’animaux cela doit-être fabuleux et triste car, du haut de ses 24 ans, je ne suis pas sûre que sa jeunesse soit aussi insouciante qu’elle ne devrait être.

A son âge je rêvais de voyage et d’aventures en pagaille, à quoi peut-on rêver quand on sait que la vie de six cents animaux dépend de nous ? Et que d’autres vont encore arriver, que ce ne sera jamais fini…

Sur le chemin du retour j’ai longuement pensé à ce que je pourrais faire pour elles.
Ce blournal est un timide début. Et nous nous sommes dit, avec ma meilleure amie qui se trouve être également la personne qui crée mes affiches et s’occupe de mes réseaux sociaux, que peut-être on pourrait leur animer un compte Instagram à la « Ferme des rescapés » et essayer de fédérer autour d’eux une communauté fidèle et encourageante. Alors nous l’avons crée et le voici : Instagram de la Ferme des Rescapés

Nous avons aussi pensé à créer un système de parrainage pour que les gens puissent soutenir financièrement un animal sans avoir à le recueillir chez eux (Surtout si c’est un cheval ou un zébu), Verena et Morlind ont alors pu trouver deux bénévoles pour mettre en place ce système. C’est donc en cours et très bientôt vous pourrez aider à distance un animal de votre choix.

Tout cela est encore très embryonnaire mais j’étais heureuse de t’en parler cher blournal. Et si tu souhaites déjà aider « La ferme des rescapés » avec un mot gentil ou quelques sous… Et bien tu peux déjà le faire ici :
Site de la Ferme des Rescapés

Et si vous habitez dans la région et que vous voulez adopter un animal, sachez qu’il faut compter des frais d’adoption mais qu’en échange ils sont tous stérilisés, vaccinés et bien élevés.
Je vous parlais plus haut de ce bonheur parfait qu’habite en permanence les chiens

et certains autres animaux… Pour être honnête avec vous, ce bonheur je le ressens bel et bien quand je milite pour ce dont en quoi je crois. Je le ressens quand je m’investis dans la cause animale. Quand on veut le bien, on est par définition touché par toutes les causes morales appelant à l’altruisme et à l’empathie. Mais quand on fouille un peu plus en soi, on comprends qu’il y a des domaines où l’on se sent prêt à faire un peu plus que le minimum. C’est ce qu’éveille en moi, entre autre, « La Ferme des rescapés ».

La cause animale est une cause ingrate, parce qu’il faut toujours la justifier, expliquer pourquoi on fait pas la même chose pour les migrants, les SDF, les enfants qui meurent de faim… C’est frustrant de se dire que si tout le monde faisait son possible, juste FAISAIT, sans regarder et critiquer ce que fait le voisin, on évoluerait ensemble beaucoup plus vite. Donc faisons ça !

 

 

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  • : Ce blog décrit les actions de l'association "La ferme des rescapés", située dans le sud-ouest de la France (Lot). Cette asso lutte activement contre la maltraitance et l'abandon des animaux. Elle s'oppose également à l'envoi d'animaux à l'abattoir, à la présence d'animaux dans les cirques et à l'exploitation des animaux en général.
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