Bonsoir,
J'ai découvert la ferme un jour d'hiver. Accompagnée par une amie j'amenais une agnelle promise à l'abattoir. Puis j'ai eu la chance de m'y rendre plus fréquemment pour aider les hôtesses des lieux dans leur travail.
Les animaux y sont nombreux ; chevaux, ânes, moutons, chèvres, oiseaux, chats, chiens....et ont tous le même dénominateur commun : ils viennent de milieux de souffrance, de surexploitation, d'abandon.
Pourtant, en ces jours de printemps, quand j'arrive au début du chemin qui mène à la ferme, je m'arrête un instant tant le tableau qui s'offre à mes yeux est serein : les uns broutent , d'autres se reposent au milieu du passage. En dépit des sonores protestations des moutons et du froncement de sourcils d'un petit bouc, j'arrive doucement à proximité du portail.
J'ai aussi fait connaissance avec les chats. Normal, j'ai monté quelques-unes de leurs petites maisons douillettes et nettoyé souvent les bacs à litière dont vous ne pouvez imaginer le nombre ! il y a les félins timides, les curieux, ceux qui vous aident à leur façon, ceux qui viennent chercher des caresses. Ils sont tous attachants et j'aime travailler au milieu d'eux.
Je ne sais pas à l'avance quelles seront mes tâches. C'est physique, fatigant mais la récompense est toujours à proximité : un câlin par-ci, une gratouille par-là, c'est un plaisir à chaque fois renouvelé.
Véréna me parle des derniers arrivés : des chevaux, des chèvres, des chats sauvages ou considérés comme tels. Ces derniers, qui ne répondent pas aux critères attendus par d'éventuels adoptants, n'ont aucun avenir ailleurs.
Quand plus tard je revois certains d'entre eux, je suis émerveillée de voir que ces chats qui crachaient et étaient prêts à griffer n'ont plus aucune agressivité. C'est l'effet Véréna et Morlind. Leur crédo : quel que soit l'animal accueilli, le laisser tranquille, lui parler, attendre tout simplement qu'il prenne confiance et s'apaise, tout en surveillant son état de santé.
Parce qu'il y a les mauvais jours ; quand les vêlages sont difficiles, quand la maladie survient. C'est alors souvent une course contre la montre : perfusions, médicaments, apport d'oxygène, déplacements chez le vétérinaire. J'en suis témoin pour avoir à plusieurs reprises amené des chats en clinique et en avoir ramené d'autres. Aucun symptôme n'échappe à la vigilance de Véréna et Morlind, dont les nuits sans sommeil pour veiller les malades ne se comptent plus.
Je suis impressionnée par leur connaissance du caractère de chacun de leurs protégés, de leur mode de vie. J'aime écouter chaque histoire.
Les joies mais aussi les (nombreux) chagrins sont indissociables de cet univers. J'ai beaucoup appris et j'en remercie Véréna et Morlind. Je les salue, pour cet amour sans conditions qu'elles offrent à leurs bêtes, du lever du soleil jusque tard dans la nuit, et ce, quelle que soit leur condition physique, quel que soit leur état de fatigue.
Elise Villemur,
Bénévole à la ferme des rescapés