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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 19:20

Présentation du concept et des principes de notre ferme

 

Nous travaillons et vivons sur une ferme et un refuge, dans le Lot. Notre principe de respect pour la nature ne s’arrête pas à notre production de fruits et légumes biologiques mais inclut l’accueil d’animaux en détresse. Nous ne prenons pas uniquement des chiens et chats abandonnés, mais aussi des animaux d’élevage, transformés en machines à produire, sans que leurs besoins vitaux, leur esprit et leurs sentiments ne soient respectés.

De plus en plus d’éleveurs profitent simplement des primes pour les animaux d’élevage accordés par la PAC, sans fournir la nourriture ou les soins nécessaires à leur cheptel.

Nous habitons ici depuis 12 ans, avec actuellement près de 500 animaux (de ferme et de compagnie confondus), mais notre façon de vivre avec eux nous distingue des refuges « classiques » et des parcs animaliers. Nous aimerions présenter le concept et les principes de notre ferme, où règne une relation humain-animal totalement différente.

 

La liberté :

Les chiens :

Nous vivons avec une meute de 38 chiens, dont aucun n’est enfermé ou attaché. Ils circulent librement, et nous suivent au travail dans le jardin, à l’étable et à la maison. Nous utilisons ce concept de la meute pour resocialiser des chiens difficiles (agressifs, craintifs…) ; grâce  à ce concept, nous avons un très bon taux de réussite.                                                                         

Nous donnons aux chiens le droit à la liberté, mais nous exigeons qu’ils respectent les autres animaux qui vivent sur la ferme. C’est un des premiers devoirs qu’ils doivent acquérir et sur lequel nous sommes intransigeants. Les chiens sont comme les humains : des prédateurs qui peuvent prendre plaisir à agresser d’autres êtres vivants. Trop souvent cela leur est pardonné, sous prétexte « d’amusement ».

Les chèvres :

Pour les chèvres, ce droit à la liberté les transforme de tristes machines à produire du lait et des chevreaux, en animaux sensibles. Avec la curiosité qui la caractérise, la chèvre explore chez nous un environnement simplement naturel et adapté à ses besoins : pré, soleil, nourriture à volonté, eau fraiche, mais dont le système agricole les prive dès leur naissance, jusqu’à la fin de leur courte vie. (Les chèvres sont abattues en moyenne avant l’âge de 5 ans alors qu’elles pourraient encore vivre une dizaine d’années.)

Dans les élevages conventionnels, les chèvres ont le droit de garder leurs nouveau-nés seulement quelques heures. La profonde détresse et le chagrin provoqués, chaque année, par cet arrachement, se manifeste chez nous. Elles adoptent avec un amour touchant les chevreaux orphelins et les protègent comme s’il s’agissait de leurs propres enfants.

 

 

Les poules et les lapins :

Les atroces conditions d’élevage des poules de batterie et des lapins sont plus ou moins connues. Le changement de vie de plusieurs centaines de poules de batterie et de lapins que nous avons libérés est imaginable.                                                                                                                                            

Les poules de batterie commencent déjà, quelques minutes après leur libération, à se dorer au soleil et à gratter la terre. Il ne faut pas d’expertise scientifique pour comprendre qu’elles ont énormément souffert dans leur cage.

Les poules sont toujours restées de simples animaux de ferme dont peu de personnes se soucient, alors que quelques lapins ont réussi à obtenir le statut plus élevé d’animal de compagnie. Mais cet avantage n’a pas beaucoup amélioré leur vie, car ils restent enfermés dans des cages qui leur permettent souvent seulement de se tourner.

Le lapin est un exemple classique qui montre que malgré l’augmentation des animaux dans les foyers, l’homme n’accepte pas les animaux tels qu’ils sont. Ils deviennent des jouets artificiels vivants, et doivent servir un plaisir temporaire des humains.                                                                         

L’odeur naturelle de l’animal est étouffée : la litière doit être artificielle, parfumée, etc. même si c’est cancérogène pour l’animal. Souvent l’animal de compagnie doit être nain : lapin nain, poney miniature…

En réalité, l’homme continue à craindre la simple nature, qu’il perçoit comme quelque chose de sale, et préfère s’intoxiquer avec ses produits de nettoyage.

 

La dignité et le respect :

En dehors des animaux qui sont abandonnés directement chez nous, nous accueillons en priorité les animaux âgés, handicapés, malades, auxquels ne s’ouvrent plus que les portes de l’euthanasie ou de l’abattoir. Nous ne prenons pas les jeunes, la race « à la mode » ou « mignonne », nous privilégions les vieux, les « moches », les aveugles, les sauvages ou craintifs ; ceux qui mordent, griffent, ceux qui ont perdu toute confiance en l’homme, ou ceux qui ne veulent pas de câlins mais plutôt qu’on leur laisse la paix.

 

Les animaux âgés :

Un vieil hongre maltraité et très mal nourri a trouvé quelques mois après son arrivée l’amour de sa vie : une très vieille jument d’un centre équestre. Quand ils arrivent le soir en trottant, pour avoir leur grain, leurs années d’esclavage tombent, ils retrouvent leur dignité et leur fierté.

 

Les animaux handicapés :

Marilyn est une jeune chèvre qui a été tellement maltraitée et battue par son éleveur qu’elle ne peut plus marcher. Nous avons convaincu le vétérinaire de l’opérer au lieu de l’euthanasier, afin qu’elle puisse vivre, mais sans douleur. Nous avons construit un système qui lui permet d’être debout, et elle passe l’été dans le pré qu’elle arrive à vite traverser. Elle est très intelligente, très vive et a une personnalité exceptionnelle.                                                                                                                                  

La plupart des personnes qui l’ont vue ont eu une réaction en commun : « Elle ne souffre pas la pauvre bête ? Il ne vaudrait pas mieux l’euthanasier ? »

Un animal handicapé est encore un plus grand tabou qu’un être humain handicapé. Pourquoi veut-on toujours euthanasier les animaux handicapés, qui arrivent à compenser leur handicap par l’intermédiaire des autres sens ?                                                                                                     

Mais pourquoi personne ne s’inquiète-t-il de la même façon pour les milliers d’animaux enfermés et incapables de bouger, malgré leurs quatre membres ou leurs deux ailes en bonne santé ?

 

La paix et la fin de l’asservissement :

Pour l’homme, les animaux naissent avec le devoir de le servir. Aucun animal n’est épargné.  

La plupart des animaux de compagnie sont achetés dans le cadre d’une envie non réfléchie. Dès qu’un « problème » survient, la plupart des propriétaires se débarrassent de l’animal avec aisance et sans se soucier de son avenir et de sa souffrance lors de l’abandon. En moyenne, un chien ne reste que deux ans chez le même propriétaire. Par ailleurs, un chien de plus de 4 ans a de très maigres chances de se faire adopter dans un refuge, sous prétexte « qu’il ne s’habituera plus ».

Pour une majorité de personnes, les animaux d’élevage « sont nés pour être mangés ». Si ces derniers n’atteignent pas des performances maximales, ils commencent un long « voyage d’horreur » soit sur des foires de « bestiaux », à travers la France, soit vers un abattoir d’un autre pays.

Les chevaux :

Contrairement aux idées reçues, les chevaux de race et « de luxe » n’échappent pas à l’indifférence et à la cruauté humaine.

Les chevaux de course, sélectionnés poulains, sont débourrés trop tôt, avant d’être consumés à petit feu par la folie humaine.                                                                                             

On parie sur leur vie en les obligeant à sauter des obstacles énormes, à courir à des allures qui abiment leur dos et leurs tendons. Quand, vers l’âge de 6-7 ans, leur corps n’arrive plus à suivre, ils sont vendus soit vers d’autres pays, soit à des particuliers. Quelques juments auront « la chance » de devenir des poulinières. Ceux qui auront échappé à l’abattoir et aux foires d’équidés, seront vendus d’un propriétaire à un autre, ou à des centres équestres.                                                                 

Ils serviront l’homme pendant des années, mais presque jamais celui-ci ne leur offrira une retraite. Même après plus de vingt ans de loyaux services, au mépris de toute sa santé, le cheval sera toujours jugé bon à pouvoir porter des enfants ou effectuer quelques promenades par semaine.

Même les personnes qui se disent passionnées d’équitation et qui prétendent aimer leur cheval, n’auront  pas  de mal à vendre leur fidèle compagnon, quand celui-ci ne correspondra plus à leur attentes.                                                                                                                                                                   Le fait que les chevaux de course ou d’obstacles soient dit animaux de « luxe » n’améliore pas leurs conditions de vie. L’argent que l’homme se fait sur leur dos ne leur revient pas, il renforce uniquement la vanité de l’être humain.

Les chevaux sont des animaux qui tissent des amitiés et des amours très forts. Dans la majorité des cas, l’homme déchire avec insouciance ces amitiés, qu’il croit pouvoir remplacer par un simple autre équidé.

Beaucoup de chevaux de trait sont élevés en France, avant d’être envoyés et abattus dans d’autres pays d’Europe. Les conditions de transport, comme sa durée ou l’approvisionnement en eau, sont atroces.

Certains de nos 20 chevaux rescapés ont fait le tour de la France, à travers des centres équestres, des marchands ou des particuliers. Nous leur offrons la plus grande liberté possible, et surtout la paix. Chez nous, pour la première fois dans leur vie, ils ne doivent plus servir l’homme.

Ils peuvent simplement vivre, et profiter de leur vie, de cette retraite que tous ont vraiment méritée. Ils forment un grand troupeau uni et heureux.

 

La patience et l’acceptation :

La patience est le principe le plus important et le plus fondamental sur notre ferme.

Une grande partie des animaux qui arrivent chez nous ne font plus confiance à l’être humain. Certains sont même tétanisés, ils sont incapables de bouger ou paniquent.

Aurélie, une chienne croisée berger, a été enfermée pendant 8 ans dans un box en béton. Elle a été énormément maltraitée et battue. Quand nous sommes allés la chercher, on nous a déconseillé d’entrer dans son box, car elle avait pris l’habitude de sauter à la gorge des personnes. Nous l’avons capturée avec une corde. Elle s’est affolée et a commencé à mordre autour d’elle comme un animal sauvage. Nous l’avons tirée une dizaine de mètres jusqu’à la voiture, mais nous n’avons pas réussi à l’y faire renter. Nous avons été obligés de la rouler dans plusieurs couvertures pour l’empêcher de nous mordre, puis nous l’avons placée dans la voiture.

Elle était paniquée quand nous l’avons tirée dans la maison, elle nous a mordus une fois. Dans le salon, elle a eu le comportement d’un animal sauvage : il fallait respecter sa distance de sécurité, sinon elle nous attaquait. Elle a évacué sa tension intérieure en tournant autour de la table sans relâche.

Nous l’avons simplement laissée tranquille. Elle adorait sortir dans le jardin clôturé et s’allonger au soleil. Elle n’a jamais attaqué un autre animal et ne nous a plus jamais mordus. Nous n’avons jamais pu la toucher, et ce jusqu’à la fin de ses jours.

Mais au bout d’un certain temps, elle a tout de même commencé à se détendre. Elle a vécu un très grand amour avec un vieux chien de chasse, auquel elle s’est attachée. Quand nous revenions des courses ou autre, elle était toujours heureuse de nous voir, elle remuait la queue et tournait joyeusement dans la pièce.

Elle a vécu 5 ans chez nous. Pendant les dernières années, elle a vraiment été heureuse. Elle était même détendue et insouciante quand nous étions dans la chambre.

Aurélie est un exemple extrême mais représentatif. Elle a vécu ici avec trois enfants en bas âge (5 à 12 ans), et malgré ses traumatismes elle ne leur a jamais fait de mal.

Pour beaucoup d’animaux que nous recueillons, nous ne pourrons jamais leur faire oublier la maltraitance qu’ils ont subie. Nous les acceptons tels qu’ils sont, ou plutôt tels que l’homme les a fait devenir.

Aurélie nous a beaucoup touchés. Elle nous a fait un vrai cadeau en nous réaccordant sa confiance après tout ce que l’homme lui avait fait subir.

Nous ne demandons rien aux animaux, nous n’attendons rien d’eux. Nous sommes heureux quand ils le sont, et nous les aimons tels qu’ils sont. Quand on aime réellement quelqu’un, on l’aime avec ses défauts et les séquelles de son passé, cela fait partie de lui, personne n’est parfait.

Nous essayons juste de rendre les animaux heureux, cela nous suffit. Quand un animal ne « guérit » pas de ses maltraitances, nous ne le considérons pas comme un échec. Il arrive que même avec le temps, un animal ne se laisse plus jamais toucher.

Savana, une ponette que nous avons rachetée d’un cirque, ne faisait que pincer et donner des coups de sabot. Après un an, elle a compris qu’elle pouvait nous faire confiance, et elle a arrêté. Cela nous suffit, nous n’avons pas besoin qu’elle accepte de se laisser brosser ou caresser. Elle est heureuse dans le troupeau avec les autres chevaux, c’est le plus important.

La patience c’est de ne rien demander aux animaux et de leur laisser le temps dont ils ont besoin. On les laisse venir vers nous.

Il est regrettable que si peu de personnes adoptent des animaux déjà âgés, craintifs, handicapés ou qui ont été maltraités. Car ce sont ces animaux qui ont les meilleurs caractères et le plus d’originalité. Ils arrivent à toucher notre cœur et à nous émouvoir avec leur joie d’avoir eu une seconde chance. Ils deviennent souvent les meilleurs compagnons.

Nous avons récemment recueilli deux chatons. Ils étaient tellement sauvages que nous avons du les attraper avec une cage-piège. Ils étaient malades et ils nous ont plusieurs fois mordus pendant leurs soins. Mais aujourd’hui, trois mois après leur arrivée, ils cherchent l’affection et la présence.

Etant donné l’augmentation de la maltraitance, de la négligence et de l’abandon, il existe des milliers d’animaux qui auraient besoin d’un nouveau foyer chaleureux.

Nous espérons qu’après avoir lu cet article, plus de personnes oseront faire le pas d’adopter un animal vieux, craintif, « sauvage », etc. Nous serions aussi reconnaissants pour tout soutien financier ou matériel, face à l’ampleur des frais et la disparition de nos économies, ainsi que pour toute aide bénévole.

 

 

 

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 00:41

 

Combien de fois nous a-t-on déjà dit : « Oh, jamais je ne pourrais manger de cheval ! » Mais quelle différence avec la vache, la chèvre ou le cochon ? Pourquoi un cheval aurait-il plus le droit de vivre qu’un mouton ? Parce qu’il est élégant ? Beau ? Signe de noblesse ?  

Nous ne sommes pas tous des beautés que je sache (sans vouloir vous offenser), et nous voudrions pourtant être secourus si nous étions en danger. 

Sur notre ferme, tous les animaux sont soignés et respectés de la même façon. Qu’ils soient une vache, un chien, une chèvre, un cheval ou un hamster.   

Tous les animaux sont sensibles, ont peur, éprouvent de la douleur quand on les maltraite. TOUS. Tous veulent vivre, qu’ils soient des animaux dits « de ferme » ou « de compagnie ».

Certains sont peut-être plus mignons que d’autres, ou plus affectueux… Mais ne serait-ce pas intéressant de réfléchir à cette question : Pourquoi une vache est-elle plus distante qu’un cheval ? Ne serait-ce pas à cause du fait que depuis des décennies, nous ne faisons que nous servir des vaches, pour leur viande ou leur lait, avant de toutes les envoyer sans ciller à l’abattoir ? Une jument a encore une chance de mourir de vieillesse. Même si cela devient rare avec la nouvelle loi de l’équarrissage…

Les scientifiques ont découvert que le cochon est l’un des animaux les plus intelligents. Non, pas si bêtes les « bêtes »…

Réfléchissez-y la prochaine fois que vous serez devant le rayon boucherie….

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 20:19

 

Suite à l’article paru dans le magazine « France Dimanche », beaucoup de personnes nous ont dit : « Vous avez de la chance, vous vivez votre passion » ou « Si j’en avais les moyens, je ferais la même chose », « Ce serait mon rêve »…

Rêve, passion… Oui mais… Personne ne peut s’imaginer la réalité. C’est pour cela que je veux tenter de l’expliquer.

Je ne dirai plus que je vis tous les jours ma passion ; je vis grâce à elle, elle m’aide à continuer mon travail, mon combat pour les animaux, mais ce que je vis tous les jours c’est un combat du survivant que l’on fait aussi parfois par devoir.

Pour moi, tout a commencé l’été de mes 16 ans. Je voulais un chien, mais ma mère tenait déjà ce refuge, nous avions assez de chiens. Il y en avait qui m’appartenaient… mais je ne sais pas… ça a été comme un appel. Quand ma mère m’a autorisée à en prendre un autre, j’ai tout de suite commencé à appeler tous les refuges de notre région. Je cherchais un berger et j’ai cherché pendant deux semaines. Quand je suis allée voir la chienne, elle ne m’a pas vraiment plu. C’est un peu la bénévole du refuge qui m’a convaincue de la prendre, elle m’a dit qu’elle avait très peu de chances de se faire adopter, à cause de son âge (elle avait 10 ans).

Sur le chemin du retour, elle a eu son nom : SAMIRA. Elle a été la chienne la plus exceptionnelle que j’ai connue. Elle m’a énormément marquée. Elle m’a voué une fidélité extrême. Quelques jours après son arrivée, elle me suivait déjà partout, quand j’étais dans ma chambre, elle reniflait sous la porte ; la nuit elle hurlait si je la laissais dans le salon, alors qu’à côté de mon lit, elle dormait comme un ange. J’allais encore au lycée, et ma mère me disait toujours quand je rentrais, que Samira avait passé la matinée à hurler. Quand je rentrais, elle me faisait la fête, c’était incroyable. Elle n’a vécu que trois mois et demi chez moi, elle est morte d’une tumeur.

C’est elle qui m’a ouvert les yeux. Elle m’a montré ce qui est vraiment important dans la vie : libérer, aimer et respecter.

Un mois et demi après son arrivée, je me suis libérée moi-même en sortant de cet enfer et de cette prison qu’était pour moi l’école. J’ai commencé à aider ma mère à la ferme, avec les animaux. J’ai commencé à trouver un sens à ma vie. Depuis, je ne suis plus jamais partie, je travaille du matin jusque tard dans la nuit pour soigner les rescapés que nous accueillons. Ils sont près de 500 aujourd’hui.

J’ai pris quelques mois pour comprendre dans quoi je m’étais lancée. Un travail dur physiquement, qui commence vers 6h du matin et dure jusqu’à minuit, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365. Mais souvent, il faut se lever la nuit, soit pour une urgence, soit pour des soins médicaux sur des animaux malades, ou pour nourrir des orphelins… Il n’y a jamais un jour de repos, sans parler de vacances… mais il n’y a même plus une minute de repos parfois. On travaille du matin jusqu’au soir et on tombe de fatigue au lit. On sort de la ferme peut-être une fois par mois, pour trois heures, pour faire autre chose, mais sinon… On gère toute la journée le travail, les soins, les appels, les urgences, les abandons…                                                                                  

C’est un travail, où l’on a une grande responsabilité envers les animaux. On est sous un stress constant, d’avoir oublié quelque chose, de ne pas avoir vu qu’un animal n’allait pas bien…         

Ou à cause de ces questions : Ai-je bien fermé la porte des chats sauvages ? Où est la chienne berger ? A-t-elle encore attaqué une chèvre ? Pourquoi la chatte noire ne vient-elle pas ? Lui est-il arrivé quelque chose ? Pourquoi la chèvre beugle-t-elle ? A-t-elle la diarrhée ?

Et puis après, il y a cette multitude de compromis que l’on fait :

·         Il faut ranger chaque papier, journal, objet personnel, pour ne pas qu’un chat fasse pipi dessus, vomisse dessus, qu’un chien le déchire…

·         Chaque porte doit être verrouillée car il y a toujours un chien qui arrive à l’ouvrir.

·         Le matin, quand on se lève, il faut d’abord enlever toutes les crottes que les chats ont faites dans la chambre, puis nettoyer les sept boxes de litières…

·         Le soir comme le matin, il faut enlever les besoins des chiens faits dans le salon, alors qu’on ne rêve plus que d’aller se coucher et non de tremper pour la énième fois ses mains dans l’eau de nettoyage.

·         On est de toute façon femme de ménage 75% du temps ici sur la ferme. Entre nettoyer, passer l’aspirateur, la serpillière… J’ai parfois du mal à enlever l’odeur de l’eau de javel de mes mains, que l’on utilise comme virucide, dans l’infirmerie et la quarantaine.

·         Parfois, alors qu’on est déjà terriblement fatigué, il faut encore travailler plusieurs heures. On ne peut jamais s’assoir, avant de tous les avoir soignés.

·         Quand on est malade, on peut compter sur l’aide de l’autre, mais jamais il ne sera question de passer une journée au lit pour se reposer.

·         En hiver, on doit travailler même par grand froid. Les mains et pieds gelés, il faut porter plusieurs dizaines de seaux d’eau chaude, nettoyer des boxes alors qu’on a l’impression de ne plus pouvoir faire un geste.

·         Et puis de toute façon, pour des raisons financières, chaque achat personnel est réduit au strict nécessaire. Tout l’argent va pour les animaux et l’entretien de la ferme.

·         En été, on travaille au jardin, entre 12h et 16h alors que ce sont les pires heures avec le soleil, mais avant comme après il faut s’occuper des animaux.

·         Parfois le soir, on trouve le lit humide d’urine de chat.

·         Les machines à laver tournent toute la journée… des paniers lourds à porter, ranger…

·         On a abandonné l'idée d’avoir des repas fixes, par manque de temps. On est déjà heureux si vers 20 heures, on peut pour la première fois manger quelque chose de chaud.

Je pourrais encore continuer à énumérer des dizaines de choses…

On vit au jour le jour, car il est pratiquement impossible de prévoir les évènements d’une journée. Ou les chevaux et les vaches s’échappent, ou il faut aller chez le vétérinaire, ou il y a une coupure de courant ou d’eau parce qu’un animal a encore déchiré un tuyau…

C’est très dur physiquement souvent, il faut beaucoup porter (sac de fumier, caisses de nourriture, seau d’eau…), manipuler, ranger, nettoyer... Il est élémentaire d'avoir une très bonne endurance et beaucoup de volonté. En réalité, ce qui me donne la force de continuer, c’est de voir les animaux revivre, à la ferme.

Parfois, quand ils arrivent, ils n'éprouvent que de la peur et sont terrifiés. Mais après quelques jours, semaines, mois, ils s’approchent de nous, deviennent curieux, joyeux, ils jouent…

Je ne regrette en aucune façon de m’être jetée dans ce travail, même si maintenant je sais que je suis obligée de rester ici. J’ai pris des animaux, je suis maintenant responsable d’eux jusqu’à leur mort. Par contre, je pense que les gens qui affirment rêver de faire ce que nous faisons devraient travailler une semaine ici avant de prétendre cela. Que pendant une semaine ils travaillent et renoncent à tout, comme nous le faisons. 

J’imagine que l’on ne peut pas se représenter ce que c’est, mais sachez que c’est parfois très difficile. Personnellement, le plus dur ce sont les soucis financiers, quand les factures deviennent un drame. On commence à vendre nos derniers objets personnels pour finir les fins de mois, car en réalité on a besoin de peu pour vivre. Le reste doit sans cesse être dépoussiéré !

Les choses les plus essentielles de la vie ne peuvent de toute façon ni être achetées ni remplacées. Elles sont uniques. Comme l’amour que l’on a pour quelqu’un, que ce soit un humain ou un animal. On peut seulement profiter de l’instant présent, le savourer et espérer qu’il dure le plus longtemps possible.

Pour finir, j’aimerais remercier de tout cœur tous ceux qui nous ont soutenu au cours de l’année 2010 et j’espère que d’autres nous rejoindront en 2011.

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 19:05

 

L'association protection animale "La Ferme des rescapés" récupère et soigne des animaux maltraités, abandonnés et exploités.

Sur sa ferme de 29 hectares cohabitent près de 500 animaux de ferme et de compagnie rescapés, tels que des vaches, des chevaux, des ânes, des chèvres, des moutons, des chiens, des chats, des cochons, des canards, des poules, des rongeurs...

 

 

photo 038

 

L'association lutte contre l'abandon, la maltraitance, la présence d'animaux dans les cirques, l'envoi d'animaux à l'abattoir... etc.

Elle s'oppose également  à tout élevage d'animaux, qu'il soit intensif, professionnel ou particulier.

 

    L'association est déclarée à la préfecture de Cahors sous le numéro : W461001432

 

Association reconnue d'interet général

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  • : La ferme des rescapés
  • : Ce blog décrit les actions de l'association "La ferme des rescapés", située dans le sud-ouest de la France (Lot). Cette asso lutte activement contre la maltraitance et l'abandon des animaux. Elle s'oppose également à l'envoi d'animaux à l'abattoir, à la présence d'animaux dans les cirques et à l'exploitation des animaux en général.
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L'association

Dans le Lot, sauvés de l’abattoir, de l’euthanasie, de la cruauté ou de l’irresponsabilité, près de 600 animaux de compagnie et d’élevage vivent sur notre ferme-refuge de 29 ha, véritable havre de paix pour eux.

 

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