Une amie de notre association a écrit ce compte rendu, suite à sa viste de l'horrible foire chevaline de Maurs dans le Cantal.
J'aimerais que les personnes se rendent compte des souffrances endurées par de nombreux chevaux de particuliers ou de centres équestres, d'ânes, et de la majorité des chevaux de trait.
Voici son rapport :
Arrivée le matin, il faisait froid et de la neige fondue tombait, déjà pour commencer pas réjouissant.
J'aurais aimé faire "light", afin d'épargner les âmes sensibles, qui en ont assez , depuis une bonne décennie (et je les comprends) de lire mes comptes rendus de ce marché de la honte, mais les faits sont là, inchangés.
Donc en ce jeudi 3 mars, j'ai essayé d'éviter le secteur des chevaux lourds, la fatigue, d'abord, ensuite l'écoeurement, l'angoisse même, de voir les horreurs habituelles, mais je n'ai pu y échapper, j'ai donc assisté sommairement à la pesée, au chargement et à l'embarquement. Les animaux étaient triés et achetés par lots, par les italiens en majorité. Des poulains en grand nombre (un peu plus d'un euro le kilo, 7 francs environ, soit 400 euros), et des "réformés", poulinières d'âge qui ne sont plus "remplies", pauvrettes, juste des "ventres" bradées. Un prix, une coupe sont même décernés à celui qui possède le "meilleur poulain gras" et la "meilleure poulinière de réforme", on nage dans le plein surréalisme. Eh oui ! Nous sommes bien en 2011 dans notre chère France, bien "profonde", notre beau pays, alors braves gens qui aimez les animaux, évitez les jours de "foires chevalines".
Les camions de la mort étaient remplis de poulains et de juments de trait, qui avaient été auparavant chargés "à la sauvage" à coups de baton visés précisément et sauvagemment, sur la tête vers les yeux, ce qui les affolait un peu plus, dans le bordel complet régnant déjà, et cette pluie de coups, à vous faire pleurer et crier de rage.
Revenons à nos moutons, enfin à nos équidés, du mini poney au percheron, tous n'ont évidemment par le même sort, sachant que plus c'est petit, plus c'est prisé et donc cher. Nos braves lourds n'ont guère de débouchés, à part quelques cultivateurs bio, donc étant "élevés" uniquement pour finir en steaks, c'est ainsi qu'ils terminent leur vie, à peine commmencée. Des chevaux de selle aussi en grand nombre, de clubs ou de particuliers, vendus ou échangés aux maquignons, arrivent là.
En résumé, les lourds en Italie, les selles vieux ou maigres pour l'engraissement et la boucherie en France.
C'était la braderie, "les soldes" pour ces pauvres vieux devenus inutiles et gênants, dont personne ne veut, et avec les coûts de l'équarrissage maintenant, qui voudrait s'encombrer de vieux "canassants"??
Un couple formé d'une jument de 24 ans et d'un poney de 31 ans étaient à vendre ensemble car soit disant inséparables, 500 euros les deux. Pauvres, je les plains, ils sont partis chez un engraisseur, alors que le vendeur m'avait dit : il faut les sauver, ne pas les faire tuer, ne pas les séparer, du blabla.... Il s'en est débarrassé au plus vite sans que j'ai eu le temps de dire ouf. je suis dans la peine pour eux, j'y pense, encore et encore.
Quelques animaux maigres, beaucoup de maladies de peau, des pieds très longs, mais à quoi bon les faire parer puisqu'ils vont à la "casse", ceux des ânes en particulier, lequels ont peu de chance de trouver une bonne maison.
Une annesse avait des babouches aux 4 pieds, bien sûr comme excuse le type a dit : je viens de l'acheter ! Les bobards habituels. Une autre était maigre et son petit la têtait encore mais elle n'avait guère de lait ! Certains équidés n'étaient ni pucés ni identifiés (hors la loi).
C'est bien symbolique que de sauver un équidé, vu le nombre. Enfin DAISY est sortie de cet enfer, belle et brave jument anglo-arabe, très stressée et perturbée, hautes origines, qui a eu de la valeur, elle a 20 ans, elle est foutue, elle aurait fait une chute ? D'où l'état de son postérieur gauche et du déhanchement. Ses sabots sont en piteux état. J'ai donc fait mon possible (sans conviction, c'est si décourageant) et craqué pour Daisy dont l'avenir était sombre. Née en 1991, vendue par son maître, un pépé fort peu reconnaissant, à un marchand qui allait la ramener chez lui pour la tuer, un boucher voulait l'acheter le matin mais l'offre n'ayant pas convenue, le pépé n'a pas cédé, et finalement bradée en fin de foire, moins chère qu'à un boucher, tant mieux pour elle, et bien fait pour lui. J'ai craqué pour d'autres aussi d'ailleurs, mais faute de pouvoir faire mieux... j'ai distribué quelques morceaux de sucre.
Voilà en gros la journée passée à la foire aux chevaux de Maurs la Jolie (la Nice du Cantal). On en revient cassé, détruit, démoralisé,épuisé physiquement et mentalement, on a des envies de meurtre, ce ne sont pas les équidés qu'il faut éliminer mais tous ces marchands de mort qui gagnent leur fric et les envoient au couteau tout en se plaignant qu'ils ne vendent rien, que la "marchandise" ne vaut plus rien, que les temps sont durs, que les foires ne marchent plus, qu'ils n'ont jamais vu ça, l'éternelle litanie de ces bourreaux, de ces assasins...
Pas de contrôles, c'est l'anarchie totale, les lois sont bafouées.
Les équidés n'avaient ni foin ni eau, pendant que leurs propriétaires s'empiffraient et picolaient (et pas avec de l'eau).
J'ai été sollicitée par des marchands, entre autres pour des ânes mâles non castrés et non pucés, je n'ai pas pu donner suite.